Madagascar, divisée, célèbre ses 50 ans d'indépendance en ordre dispersé

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ANTANANARIVO (AFP)

Plongée dans une crise politique et économique aiguë depuis fin 2008, Madagascar s'apprête à célébrer samedi dans la division et en ordre dispersé un demi-siècle d'indépendance, sans président élu ni Constitution.

Symbole de la division du pays, beaucoup de citoyens malgaches ont décidé de ne pas accrocher le drapeau national à leur fenêtre, contrairement aux années précédentes à l'approche du 26 juin, jour de la fête nationale marquant l'anniversaire de l'accession à l'indepéndance de cette ancienne colonie française.

"D'habitude je fais flotter le drapeau, mais là (...) peu importe ce que je pense politiquement, je ne voudrais pas que ce soit interprété" d'une manière ou d'une autre, témoigne Tojo, un habitant du centre d'Antananarivo.

Après 50 années souvent troublées, marquées entre autres par la "révolution socialiste malgache" du président Didier Ratsiraka (1975-1993, 1997-2002) ou l'éviction de ce dernier au terme de l'élection présidentielle de 2002, la République de Madagascar est plongée dans une nouvelle crise depuis fin 2008.

Au terme d'un mouvement populaire emmené par Andry Rajoelina, le président Marc Ravalomanana a été évincé du pouvoir en mars 2009, lâché par l'armée.Il vit en exil en Afrique du Sud et il est poursuivi pour sa responsabilité dans la tuerie du 7 février 2009 qui avait fait une trentaine de morts.

Ex-maire d'Antananarivo, M. Rajoelina dirige depuis le pays mais sans la reconnaissance de la communauté internationale qui a suspendu ses aides cruciales.

Samedi, les partisans de l'ex-président ont organisé un rassemblement parallèle aux cérémonies officielles, sur le parking d'une société appartenant à Marc Ravalomanana.

"Des gens sont morts, d'autres sont en prison ou au chômage.On va mettre en exergue tout ça plutôt que de faire la fête", justifie un dirigeant de l'opposition, Jean-Louis Rokotoamba.

Ce dernier assure qu'il n'y aura aucun débordement, tandis que le colonel de gendarmerie Richard Ravalomanana, responsable de la capitale, a mis en garde dans la presse locale les possibles fauteurs de troubles.

Malgré ce climat peu propice, le régime en place, la Haute autorité de transition a organisé des festivités exceptionnelles, avec un hymne et un logo créés pour l'occasion et plusieurs jours d'événements gratuits.

"Imaginez s'il ne se passait rien!Les Malgaches auraient été désespérés", explique à l'AFP Mireille Rakotomalala, la nouvelle ministre de la Culture et du Patrimoine.

Depuis le début de la semaine, l'ambiance est ainsi à la fête à Antananarivo et la population se presse notamment pour assister aux concerts quotidiens d'artistes locaux et étrangers, oubliant un temps les difficultés du pays.

La communauté internationale est également partagée sur la conduite à tenir lors des cérémonies officielles.Les chancelleries présentes à Madagascar n'ont "pas réussi à dégager une position commune claire" et "la plupart se décideront au dernier moment", selon une source diplomatique ayant requis l'anonymat.

Depuis la prise de pouvoir de M. Rajoelina, plusieurs négociations, menées sous l'égide de la communauté internationale, ont échoué à dégager une sortie de crise consensuelle.

Andry Rajoelina, qui avait plusieurs fois promis qu'un chef de l'Etat élu présiderait les cérémonies du cinquantenaire, a récemment annoncé la tenue d'un référendum en août - qui pourrait être repoussé - puis de législatives en septembre et d'une présidentielle en novembre.

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