Le processus électoral en République démocratique du Congo, où le président Joseph Kabila est en lice face à une opposition divisée, aborde une dernière ligne droite périlleuse, entre crainte de violences et contraintes logisitiques pour tenir les délais.
Loin du débat politique, après des retards accumulés dans le calendrier des opérations, la question du maintien de la date du 28 novembre pour la tenue de la présidentielle et des législatives -les deux à un seul tour- demeure.
Le déploiement attendu du matériel électoral dans les quelque 62.000 bureaux de vote est un casse-tête logistique, dans ce pays grand comme près de 4 fois la France.Quelque 32 millions d'électeurs sont attendus pour ces scrutins.
"La date du 28 reste toujours comme une épée de Damoclès", estime Thierry Vircoulon, directeur du projet Afrique centrale à l'International crisis group (ICG).
La Commission électorale nationale indépendante (Céni) et la Mission de l'ONU (Monusco), qui apporte un appui logistique, sont désormais sous forte pression.
"Nous avons les urnes en Allemagne, les isoloirs à Beyrouth, les kits électoraux en Chine, les bulletins de vote en Afrique du sud, c'est costaud!", reconnaît Matthieu Mpita, rapporteur de la Céni.
L'avion a récemment été préféré au bateau pour acheminer le matériel."Nous nous sommes dit +on met une croix sur cette option-là, sinon on ne tient pas la date du 28+", explique le rapporteur.
L'autre inquiétude concerne la sécurité, après des tensions et violences enregistrées début septembre lors de manifestations à Kinshasa du parti d'opposition Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), dont l'un des partisans a été tué après la dispersion d'un rassemblement par la police.
Onze candidats
L'UDPS accuse la Céni de manquer de transparence et prévoit à nouveau de manifester le 22 septembre devant le siège de la Commission.
A l'approche de la présidentielle, la popularité des principaux postulants, du moins dans la capitale Kinshasa, a pu se mesurer au nombre de partisans venus les accompagner au dépôt de leur candidature, même si les partis sont souvent accusés de payer des anonymes pour venir grossir artificiellement leurs rangs.
Le leader de l'UDPS et opposant historique Etienne Tshisekedi, 78 ans, a fait jeu égal avec le chef de l'Etat Joseph Kabila, 40 ans, venus chacun avec plusieurs milliers de supporters, devant Vital Kamerhe, 51 ans, ex-président de l'Assemblée nationale passé dans l'opposition en 2010, et Léon Kengo, 76 ans, actuel président du Sénat et ancien mobutiste, accompagnés de quelques centaines de personnes.
Onze candidats ont déposé un dossier, selon la Céni, qui n'a pas encore publié la liste officielle définitive.
A peine déposé le sien dimanche, dernier jour pour s'enregistrer, Joseph Kabila est entré dans le vif du sujet mercredi, devant 3.000 membres de la Majorité présidentielle (MP) réunis dans sa ferme près de Kinshasa.
Elu en 2006 après avoir succédé à son père Laurent-Désiré Kabila, assassiné le 16 janvier 2001, le président sortant a dressé un "bilan positif" de son action et promis "de faire du Congo un pays émergent" s'il était réélu pour un nouveau quinquennat, qui s'inscrira dans la continuité du premier.
Face à lui, l'opposition "part diminuée (...) après avoir couru sans succès derrière un consensus insaisissable", note le quotidien kinois Le Potentiel.
M. Tshisekedi, qui a boycotté les élections de 2006, a mis fin aux négociations avec MM.Kamerhe et Kengo, qui poursuivent entre eux les discussions, ainsi qu'avec les dirigeants du Mouvement de Libération du Congo (MLC).
Orphelin de son leader Jean-Pierre Bemba, détenu à la Cour pénale internationale (CPI), battu au second tour de 2006 face à Kabila, le MLC ne présente pas de candidat à la magistrature suprême.Il donnera sa consigne de vote le moment venu, selon sa direction.
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