Surpopulation, longue détention préventive, manque d'eau courante, de médicaments ou de soins: au Liberia, les conditions de vie dans certaines prisons "sont si mauvaises qu'elles portent atteinte aux droits humains les plus fondamentaux", estime Amnesty dans un rapport publié mercredi.
Dans ce rapport intitulé "Les bonnes intentions ne suffisent pas: la lutte pour la réforme des prisons du Liberia", l'ONG "décrit les conditions épouvantables" qu'elle a observées "dans quatre des quinze prisons libériennes en dépit de certaines mesures encourageantes adoptées par le gouvernement dans le but d'améliorer le système carcéral".
"Les conditions de vie dans certaines prisons libériennes sont si mauvaises qu'elles portent atteinte aux droits humains les plus fondamentaux, les détenus étant entassés dans des cellules crasseuses et privés de soins médicaux adaptés ou de nourriture et d'eau potable en quantité suffisante", affirme-t-elle.
"L'incarcération peut se solder par une dégradation permanente de la santé physique et mentale des détenus, et la plupart d'entre eux n'ont même pas été reconnus coupables d'une infraction.Ils attendent simplement qu'une date soit fixée pour leur procès", déclare Tawanda Hondora, directeur adjoint du programme Afrique d'Amnesty, dans un communiqué reçu par l'AFP.
Des délégués d'Amnesty ont visité en 2010 et 2011 quatre prisons libériennes, "aucune n'avait l'eau courante", indique le rapport, relevant de "terribles répercussions sur la santé et la sécurité des détenus" en raison "de la grave surpopulation" carcérale.
Selon les estimations de l'ONG, "1.500 à 1.700 personnes" sont incarcérées dans quinze maisons d'arrêt au total au Liberia.Parmi ces détenus, figurent 50 femmes et de nombreux enfants en attente de jugement depuis plusieurs mois.
La prison centrale de Monrovia, "la plus grande du pays", a une capacité d'accueil de 374 détenus mais en abrite 839.Certains dorment à même le sol, d'autres sur une fine couche de mousse faisant office de matelas, d'autres encore "dans des hamacs de fortune faits à partir de sacs de grain accrochés à 3 ou 4 m du sol, faute d'espace" par terre.
"Dans certaines cellules, les détenus n'ont pas suffisamment de place pour s'allonger tous en même temps, alors ils dorment à tour de rôle", explique Tawanda Hondora.
"Autre grave motif de préoccupation" pour Amnesty: la privation de soins de santé pour les détenus: peu ou pas d'infirmerie, de médicaments de base, de personnel de santé qualifié.Selon elle, "certains maux communs - malaria, infections cutanées et problèmes oculaires, entre autres - ne sont pas traités et les détenus ne sont hospitalisés qu'en cas d'urgence", souvent après plusieurs jours.
Pourtant, note l'ONG, "le gouvernement libérien (...) a pris des initiatives positives telles que l'amélioration du système d'assainissement à la prison centrale de Monrovia et l'inclusion de la prestation de services de santé en prison dans un plan décennal national en matière de santé et de lignes directrices.Il reste cependant beaucoup à faire pour que l'Etat réponde aux besoins fondamentaux des détenus".
"Il faut agir immédiatement afin d'améliorer les conditions de vie des détenus au Liberia, en particulier sur le plan de l'accès aux soins", estime Tawanda Hondora.
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