La chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris rendra mercredi sa décision sur l'extradition réclamée par le Rwanda d'Agathe Habyarimana, veuve de l'ancien président rwandais, soupçonnée d'être impliquée dans le génocide de 1994 et installée en France.
Le parquet général avait émis lors de l'audience fin juin un avis défavorable, pointant le "manque de précision" des actes d'accusation, tant sur les faits reprochés à Mme Habyarimana que sur les dates.
Selon le représentant du parquet, un problème juridique fait obstacle à l'extradition : le droit rwandais ne prévoyait en effet pas de sanction pénale pour les faits reprochés à Mme Habyarimana à l'époque où elle est accusée de les avoir commis.
Agathe Kanziga, veuve Habyarimana, fait l'objet d'un mandat d'arrêt international émis en octobre 2009 par les autorités rwandaises pour "génocide" et "crimes contre l'humanité".
Elle avait été brièvement arrêtée et entendue par la justice française en mars 2010, quelques jours après une visite de Nicolas Sarkozy au Rwanda, la première d'un président français depuis le génocide.
"La demande d'extradition est éminemment politique", avait plaidé son avocat Me Philippe Meilhac, invoquant l'absence de garanties de procès équitable au Rwanda pour s'opposer à l'extradition.
"Elle ne cherche pas à ne pas répondre aux accusations qui sont portées contre elle.Elle veut le faire devant une juridiction respectueuse des droits de la défense", a-t-il assuré lors de l'audience.
Plusieurs demandes d'extradition de génocidaires présumés ont déjà été rejetées ces dernières années par la justice française, au motif de l'absence de garantie d'un procès équitable.
Mme Habyarimana, 69 ans, est souvent présentée comme l'une des têtes pensantes de l'"akazu", le premier cercle du pouvoir hutu qui a planifié et mis en oeuvre le génocide rwandais, déclenché par l'attentat du 6 avril 1994 contre l'avion transportant son époux.
Environ 800.000 Tutsis et Hutus modérés ont été tués au cours de ce génocide, selon l'ONU.
Outre le mandat d'arrêt rwandais, Mme Habyarimana fait l'objet depuis 2008 d'une enquête à Paris pour "complicité de génocide", à la suite d'une plainte d'une association française, le Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR).Elle a été placée sous contrôle judiciaire.
Résidant dans l'Essonne, Mme Habyarimana attend par ailleurs la décision du tribunal administratif de Versailles contre le rejet de sa demande de titre de séjour en France, où elle réside depuis plus d'une décennie.Elle se trouve sur le territoire français sans statut légal.
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