La police congolaise a dispersé au gaz lacrymogène jeudi à Kinshasa une marche de l'opposition au cours de laquelle un journaliste a été violemment agressé par des jeunes membres présumés du parti au pouvoir, a-t-on appris de l'opposition, de la police et du journaliste attaqué.
La marche a été rapidement dispersée par la police peu après son départ du siège de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), dont le leader et opposant historique Etienne Tshisekedi est candidat à la présidentielle du 28 novembre.
Les quelques centaines de manifestants de l'UDPS et ses alliés prévoyaient de marcher jusqu'au siège de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) pour réclamer plus de "transparence" dans l'organisation des élections en République démocratique du Congo.
Le chef de la police à Kinshasa, le général Jean de Dieu Oleko, a indiqué à l'AFP que les autorités locales avaient d'abord autorisé la marche, avant de demander à l'UDPS de la reporter à un autre jour, ce que le parti "n'a pas accepté".La manifestation a donc été dispersée peu après son départ, a expliqué le général.
Le secrétaire général de l'UDPS, Jacquemin Shabani, a déclaré à la presse avoir été "victime d'un guet-apens de la police qui a (...) sauvagement dispersé notre marche pacifique".
Il a par ailleurs accusé des membres de la Ligue de jeunes du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD, au pouvoir), d'avoir "attaqué" les manifestants à "coups de pierre et de bouteilles" peu avant la dispersion par la police.
Un journaliste cameraman congolais, qui filmait la manifestation pour une télévision étrangère, a été violemment agressé par des membres présumés de la Ligue des jeunes du PPRD, qui lui ont pris sa caméra et confisqué une cassette.
John Kinkendu a déclaré à l'AFP avoir été "frappé et tabassé" par un groupe de jeunes après que l'un d'eux eut crié "il faut attraper les cameramen".Il a été hospitalisé dans la soirée pour un traumatisme crânien.
Interrogé par l'AFP, le président de la Ligue des jeunes du PPRD, Francis Kalombo, a dit ne "pas avoir été informé" d'une telle agression."Si tel est le cas, nous le regrettons et je serais le premier à prendre des mesures", a-t-il ajouté.
L'ONG Journaliste en danger (JED) a condamné dans un communiqué un "acte ignoble d'intolérance politique", exprimant ses "très vives inquiétudes" après cette agression qui "laisse bien voir qu'il ne s'agit pas d'un incident isolé mais d'une action ciblée visant le journaliste pour ce qu'il est et à cause de son travail".
Le 1er septembre, lors de la dispersion par la police d'une manifestation de l'UDPS, quatre journalistes avaient été blessés, certains par des policiers, d'autres par des membres présumés de la Ligue des jeunes du PPRD.
Le 19 août à Kinshasa, un journaliste avait également été agressé pour avoir filmé les gradins vides du stade où se tenait l'ouverture du congrès du PPRD.
Le 6 septembre, un partisan de l'UDPS est mort lors de la dispersion par la police d'un rassemblement près du siège du parti dans la capitale congolaise.
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