L'Unesco a reporté au printemps 2012 sa décision de remettre ou non un prix au nom du président équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema, jugé incompatible avec les valeurs de l'agence onusienne par les défenseurs des droits de l'Homme, ont indiqué mardi des sources de l'Unesco.
Faute de consensus sur la remise de ce prix, le conseil exécutif de l'Unesco, composé de 58 pays membres, a finalement décidé à l'unanimité mardi soir de "reporter le sujet lors de sa prochaine session, au printemps 2012", a indiqué une de ces sources.
Les pays occidentaux et la directrice de l'Unesco Irina Bokova s'opposaient vigoureusement à la demande des pays africains de procéder enfin à la remise de ce prix d'une valeur de trois millions de dollars créé en 2008 et destiné à "récompenser la recherche en sciences de la vie".
Le conseil exécutif a chargé un groupe de travail de parvenir à une solution de fond au printemps 2012.Mais ce groupe devra tenir compte de la position exprimée par Mme Bokova, qui a officiellement demandé vendredi au président Obiang de retirer son prix pour préserver la réputation de l'agence de l'ONU pour la science, la culture et l'éducation, dont le siège est à Paris.
Déjà, en octobre 2010, après plusieurs mois de polémique, le conseil exécutif avait fini par décider que la remise du prix était "suspendue" jusqu'à ce qu'un "consensus" soit obtenu.Autant dire qu'il n'est pas près d'être décerné un jour.
De nombreuses ONG et l'archevêque sud-africain Desmond Tutu s'étaient mobilisés en dénonçant le passif, en matière de corruption et de droits de l'homme, de Teodoro Obiang Nguema qui dirige d'une main de fer la Guinée équatoriale depuis 1979.
Ce petit Etat d'Afrique centrale est le troisième producteur de pétrole d'Afrique subsaharienne mais l'essentiel de sa population (moins d'un million d'habitants) vit dans la pauvreté.
Teodoro Obiang était revenu à la charge cet été, profitant de sa présidence de l'Union africaine cette année pour faire adopter une résolution par ses homologues demandant la remise du prix.
Mais sa démarche a été plombée par les derniers développements de l'enquête sur les "biens mal acquis" en France, dans laquelle M. Obiang fait partie des trois chefs d'Etat visés avec le président du Congo-Brazzaville Denis Sassou Nguesso et le défunt chef d'Etat gabonais Omar Bongo Ondimba.
Les juges enquêtent depuis décembre 2010 sur les conditions dans lesquelles ces chefs d'Etat ont acquis un important patrimoine immobilier et mobilier en France afin de déterminer si ces acquisitions relèvent du recel et du blanchiment de détournement de fonds publics étrangers.
Plusieurs voitures de luxe appartenant à la famille Obiang ont été saisies la semaine dernière les juges français à la suite d'une perquisition effectuée le 21 septembre dans un immeuble du très chic XVIe arrondissement de Paris, appartenant également à l'entourage du dirigeant africain.
Le régime de Malabo a qualifié vendredi dans un communiqué de "manoeuvre" la saisie de ces biens "pour tenter de désapprouver à nouveau la création du prix Unesco-Obiang Nguema Mbasogo".
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