Les ministres de la Défense de l'Otan se réunissent mercredi et jeudi à Bruxelles pour tirer les premières leçons de la guerre en Libye, une opération considérée comme un succès mais qui a mis en lumière de criantes lacunes en Europe en terme de moyens militaires.
"Notre opération pour protéger les civils en Libye a été un grand succès (...) Nous avons tenu nos engagements envers les Nations Unies et le peuple libyen", a déclaré lundi Anders Fogh Rasmussen, le secrétaire général de l'Alliance atlantique.
L'Otan ne devrait cependant pas annoncer officiellement cette semaine la fin de la mission Protecteur unifié, entamée le 31 mars, car "il reste encore un peu de travail", selon un diplomate de l'Alliance.
Plusieurs semaines après la chute de Tripoli, les forces du Conseil national de transition (CNT) libyen butent toujours sur la résistance des derniers combattants pro-Kadhafi dans les bastions de Syrte et Bani Walid.De ce fait, les avions de l'Otan continuent à cibler véhicules armés, lance-roquettes ou dépôts de munition.Une tâche rendue délicate par le repli des kadhafistes dans des sites urbains et densément peuplés.
Même s'il est resté relativement modeste en terme de durée et d'engagement, le conflit libyen est "riche d'enseignements stratégiques", souligne un diplomate.En particulier parce que les Etats-Unis en ont laissé la conduite aux Britanniques et aux Français, une première pour une guerre de coalition depuis un demi-siècle.
La Libye "a montré que les alliés européens pouvaient assurer avec succès une opération dans laquelle les Etats-Unis ont souhaité se placer en soutien.C'est un enseignement positif pour les Européens, pour l'Otan et, je le crois, pour les Etats-Unis", s'est félicité Philippe Errera, l'ambassadeur de France auprès de l'Alliance.
De ce fait, le conflit a été "un test intéressant" qui "préfigure peut être l'Otan du futur", une organisation "plus flexible et pragmatique" dont les opérations rassembleront certains pays membres volontaires tandis que d'autres s'abstiendront, estime Jan Techau, de l'institut Carnegie Europe à Bruxelles.L'Allemagne et la Pologne ont été les principaux absents en Libye "sans que cela ne provoque de drame au sein de l'alliance", estime un haut diplomate.
Mais pour que l'Otan continue à agir et à "être crédible", il faut qu'elle conserve des moyens adéquats, a réitéré lundi M. Rasmussen."Sans capacités, pas d'opérations", a-t-il averti, en citant les principales lacunes apparues en Libye comme en Afghanistan: les drones, le renseignement et le ravitaillement en vol.
"Nous ne pouvons pas compter sur un seul allié pour fournir ces moyens", a-t-il ajouté, en faisant allusion aux Etats-Unis.
Ce message pourrait être relayé par le nouveau secrétaire américain à la Défense, Leon Panetta, qui entamera mercredi sa première visite en Europe.Mais ce dernier devrait se montrer conciliant envers les Européens, qui avaient été choqués par les vifs reproches lancés en juin par son prédécesseur, Robert Gates, sur les réductions d'investissements militaires sur le Vieux continent.
D'autant que M. Panetta doit lui-même gérer les sévères coupes dans le budget du Pentagone, qui devraient atteindre au moins 350 milliards de dollars sur les dix prochaines années.
Outre la Libye, les ministres de la Défense discuteront des autres opérations en cours de l'Otan (Afghanistan, Kosovo) et de la lutte contre la piraterie dans l'Océan Indien, également affectée par un manque de moyens.
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