Bissau: Indjai nommé chef d'état-major après son putsch au sein de l'armée

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DAKAR (AFP)

La nomination du général Antonio Indjai comme patron de l'armée en Guinée-Bissau a été officialisé vendredi par le président Malam Bacai Sanha, près de trois mois après le renversement par cet officier de l'ancien chef d'état-major général du pays.

"Après avoir entendu le gouvernement, le président de la République décrète, au terme de l'article 59 de la Constitution que le général Antonio Indjai est nommé chef d'état-major des forces armées", indique le décret, lu à l'AFP par une source à la présidence.

Le 1er avril, le général Indjai, adjoint au chef d'état-major général José Zamora Induta, avait fait arrêter son patron, avec l'aide des commandos de la Marine.

Ce dernier "putsch" au sein de l'armée intervenait un peu plus d'un an après le double assassinat, en mars 2009, du chef d'état-major général Batista Tagmé Na Wai et du président de la République, Joao Bernardo Vieira.

Vendredi, après quelques mois de suspense, le président Bacai a finalement choisi d'officialiser cette prise de pouvoir par la force.

Cette décision risque d'être très mal reçue par la communauté internationale, car jeudi, le gouvernement américain avait jugé "impératif" que le nouveau chef de l'armée ne soit justement pas "impliqué dans les événements du 1er avril".

Washington avait également exprimé sa préoccupation face au maintien en détention "illégale" de José Zamora Induta et d'autres officiers et soldats, toujours emprisonnées dans une caserne à Mansoa (60 km au nord de Bissau).

Quant au Premier ministre, Carlos Gomes Junior, il se retrouve dans une position extrêmement délicate.

Le 1er avril, il avait lui-même été arrêté, séquestré pendant plusieurs heures et menacé de mort par des militaires proches du général Indjai.

Jeudi, le gouvernement avait bien tenté de demander, dans un communiqué, au président Bacai de nommer un chef des armées "qui ne soit pas impliqué dans le soulèvement militaire d'avril".

Mais cette demande n'a pas été prise en compte par le président élu en juillet 2009, qui semble entretenir de bonnes relations avec le général Indjai qui l'appelle "papa" en signe de respect.

Le président et le Premier ministre Carlos Gomes Junior entretiennent en revanche des relations notoirement difficiles.

Depuis l'indépendance de l'ex-colonie portugaise, en 1974, l'armée ne cesse de dominer et d'agiter la vie du pays, l'un des plus pauvres au monde, devenu une plaque tournante du trafic de cocaïne sud-américaine.

Pour le juriste et analyste politique Carlos Vamain, "un des défis majeur du général Indjai sera de se faire accepter par la communauté internationale comme un interlocuteur valable.Il doit aussi travailler pour faire la cohésion entre les différentes unités militaires, afin de garantir la stabilité dans le pays".

Reste à connaître la place que le nouveau chef de l'armée réserve à son ami, José Américo Bubo Na Tchuto, dit Bubo, ancien chef d'état-major de la Marine.

Le nom de Bubo avait maintes fois été cité dans les enquêtes sur le trafic de cocaïne et les Etats-Unis avaient annoncé en avril le gel de ses avoirs.

Dans un communiqué publié jeudi, les Etats-Unis s'étaient de nouveau inquiétés des "indications selon lesquelles de hauts membres des forces armées et du gouvernement civil sont impliqués dans le trafic de stupéfiants" en Guinée-Bissau.

Le gouvernement américain annonçait alors qu'il voulait "travailler avec les autorités bissau-guinéennes pour déloger les personnes qui occupent des fonctions officielles et qui se servent de leur pouvoir et de leur influence pour faciliter le trafic de stupéfiants".

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