Libye: le danger vient du ciel pour les déplacés de Syrte

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SYRTE (Libye) (AFP) - (AFP)

L'Otan et le nouveau régime libyen ont beau assurer protéger les civils, leurs belles paroles sonnent bien creux aux oreilles des habitants de Syrte, contraints de fuir alors que leur ville, patrie de Mouammar Kadhafi, est assiégée et bombardée depuis des semaines.

Syrte, qui comptait avant la révolution quelque 100.000 habitants est l'un des deux derniers bastions des fidèles de l'ex-dictateur en fuite.La ville est assiégée depuis la mi-septembre et cible de tirs quasi-quotidiens.Les avions de l'Otan passent en vrombissant dans le ciel, où ils exercent le mandat de protection des civils que leur a confié l'Onu.

Mais pour nombre d'habitants de Syrte contraints de fuir, ce sont bien les tirs de l'Otan et du CNT qui représentent le plus grand danger, loin devant les partisans de Kadhafi.

"Pourquoi l'Otan nous bombarde-t-il ?" se lamente l'un d'eux, Farak Moussa, alors qu'il fuit la ville, sa famille entassée entre matelas et valises dans sa camionnette, parmi des dizaines d'autres voitures chargées de fuyards.

"Nous avions peur de sortir car (les partisans de Kadhafi) nous ont dit que le CNT nous ouvrirait la gorge", témoigne-t-il près d'un point de contrôle à 10 km de la ville."Mais nous ne pouvions pas rester à cause des bombardements: il nous fallait saisir notre chance".

Même chose pour Salem Hamis, lui aussi en fuite avec une grande partie de sa famille."Notre maison a été touchée par une bombe.Elle a détruit trois pièces.Heureusement nous étions dans les autres.Nous ignorons d'où elle venait", dit-il.

"Les bombardements de l'Otan sont effrayants.Tout est effrayant.Ils ne font pas de différence", souligne-t-il.

Des travailleurs humanitaires étrangers se montrent eux aussi critiques: l'un d'eux, se voyant demander si l'Otan remplit bien sa mission de protection des civils a répondu: "Il semble que non".

"Il y a beaucoup de tirs épars", a-t-il ajouté sous couvert d'anonymat.Selon lui, nombre de médecins et de résidents de Syrte se plaignent de l'impact mortel des bombardements de l'Otan.

L'Alliance atlantique, accusée à de fréquentes reprises par le régime Kadhafi d'avoir tué des civils lors des premiers mois de conflit, a toujours rejeté ces allégations et l'a fait à nouveau mercredi à propos de Syrte.

"Lorsqu'il nous faut absolument intervenir pour protéger la population, nous le faisons avec le plus grand soin, en ne visant que des cibles militaires et en utilisant des munitions de grande précision pour éviter toute perte civile", a déclaré à l'AFP un responsable de l'Otan.

L'Alliance "n'a conduit aucun raid à Syrte depuis le week-end dernier et ne prend parti pour aucune des forces sur le terrain", a-t-il indiqué dans un email.

Les bombardements ont certes cessé ces derniers jours, mais ils étaient quasi-quotidiens jusqu'à la fin de semaine dernière.Samedi dernier, l'Otan a ainsi frappé un point de commande et de contrôle, une zone dédiée à l'infanterie et l'artillerie, deux véhicules blindés et un char, selon ce responsable.

Les forces du nouveau régime insistent aussi sur le fait qu'elles font de leur mieux pour protéger les civils.Elles assurent que l'assaut final sur Syrte a été retardé pour permettre au plus grand nombre possible de s'enfuir.

Mais cela ne les empêche pas de pilonner quasiment chaque jour la ville: Mercredi, ils ont visé des heures durant les partisans kadhafistes à coups de chars, de missiles antichar depuis des positions situées à à peine 1,5 km du centre de conférences Ouagadougou et de l'hôpital Ibn Sina.Ce quartier comprend aussi une zone résidentielle.

Samedi dernier, alors que des membres de la Croix Rouge réussissaient pour la première fois à apporter des médicaments dans la ville, plusieurs roquettes se sont abattues dans l'enceinte de l'hôpital où ils s'étaient rendus.

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