Soudan: les habitants du Nil Bleu vivent dans la peur des raids aériens

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KOURMOUK (Soudan) (AFP) - (AFP)

Effrayé et les larmes aux yeux, Satdam Anima regarde un médecin recoudre le moignon de son bras gauche.Dans l'Etat soudanais du Nil Bleu ravagé par les combats, Evan Atar, unique praticien d'un hôpital isolé, ne peut plus faire face à l'afflux de blessés.

Ce médecin de l'hôpital de Kourmouk, bastion rebelle près de la frontière éthiopienne, dit avoir réalisé sept amputations depuis le début des combats il y a un mois entre l'armée soudanaise et les combattants de la branche nordiste du SPLM, ex-rebelles au pouvoir au Soudan du Sud voisin.

"Nous sommes au bord de la rupture de stocks.Nous sommes allés pleurer ici et là.Mais maintenant, nous ne savons plus où nous fournir", explique le médecin, qui a reçu 600 patients blessés par des éclats d'obus.

Dans cet hôpital, le seul entre l'Ethiopie et Damazin, la capitale de l'Etat du Nil Bleu contrôlée par l'armée soudanaise, il n'y a plus de coton, de gazes ni même de sérum physiologique: le stock de six mois a été englouti en un mois de combats acharnés.

Si aucune aide ne lui parvient avant la fin de la semaine, le docteur Atar ne pourra plus soigner les nombreuses victimes du conflit.Une menace bien réelle car le président soudanais Omar el-Béchir a interdit aux agences humanitaires de pénétrer au Nil Bleu et dans l'Etat voisin du Kordofan-Sud, où un autre conflit fait des ravages depuis juin.

Sur son lit d'hôpital, Altom Osman, 65 ans, touché au dos et à un bras par des éclats d'obus, raconte le bombardement de Sali, son village à une heure au nord de Kourmouk.

"Je cherchais de la farine de sorgho pour ma femme, les (avions) Antonov sont arrivés subitement et nous ont bombardés", murmure-t-il.

A Maiyas, encore plus au nord, les Antonov ont tué six personnes, déclare Khidir Abusita, le chef du village."Hier, deux Antonov ont tourné au-dessus de nos têtes pendant une heure.Nous avons eu très peur".

Le chef du SPLM-Nord, Malik Agar, gouverneur élu mais remplacé par Khartoum, se cache près de Kourmouk.Selon lui, 63 bombes sont tombées sur la ville, où les raids des Antonov ont fait 74 morts et une centaine de blessés parmi les civils.

Pour lui, ces "bombardements à l'aveugle" visent à "briser la volonté des combattants" du SPLM-Nord, allié de longue date des Sudistes, qui ont obtenu leur indépendance le 9 juillet après une guerre civile dévastatrice (1983-2005, deux millions de morts).

"Les civils sont les mères, les femmes, les proches" des combattants, explique M. Agar en accusant l'armée soudanaise d'avoir forcé la moitié des 1,2 million d'habitants de cet Etat agricole à fuir leur foyer.

Toutes ces informations sont quasiment impossibles à vérifier de source indépendante, Khartoum interdisant l'accès aux zones concernées.

Il y a une semaine, le Haut commissariat aux réfugiés (HCR) a toutefois fait état de 27.500 réfugiés originaires du Nil Bleu entrés en Ethiopie et annoncé l'ouverture d'un nouveau camp à proximité de la frontière soudanaise pour accueillir le flux d'arrivants.

L'agence onusienne en charge de la nourriture et de l'agriculture (FAO) a demandé mercredi 3,5 millions de dollars pour conjurer une crise humanitaire et alimentaire qui pourrait toucher 235.000 personnes au Nil Bleu et au Kordofan-Sud.

"L'état humanitaire est catastrophique et la région a besoin d'une intervention urgente" des Nations unies, martèle M. Agar, précisant que les récoltes ont été interrompues et que le manque de nourriture est à l'origine de beaucoup de déplacements.

Mais le président Béchir a déjà prévenu que le Soudan ne négocierait jamais "sous la supervision de l'ONU" et promis d'écraser la rébellion au Nil Bleu.

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