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Olivier Ferrand, président et fondateur de Terra Nova, club de réflexion progressiste créé en février 2008.Ce matin le titre de Libération c'est : « La gauche gagne son élection »�?� C'est un peu le message que tous les candidats à la primaire ont fait passer hier. Cette victoire c'est donc un peu la vôtre�?�En tout cas, Terra Nova peut légitimement revendiquer la paternité intellectuelle de la primaire. On a été les premiers à défricher intellectuellement des primaires à la française avec Olivier Duhamel. On avait produit notre rapport en Aout 2008.Et on a mené la bataille politique avec Arnaud Montebourg pour essayer de faire adopter ces primaires par le parti socialiste et la gauche. Aujourd'hui on très heureux de voir notre bébé arriver à bon port et dans d'excellentes conditions. Parmi les propositions d'organisations que vous aviez fait au début avec Terra Nova, la version actuelle vous satisfait-elle ?En fait c'est une réplique de la présidentielle. Avec un scrutin majoritaire à deux tours à l'issue d'une campagne d'environ trois mois. Je pense que c'était ce qui était le plus adapté à la France. Mais on peut encore améliorer le système. Et puis pourquoi pas l'appliquer à l'ensemble du spectre politique. Le procédé peut donc encore évoluer ?Rien n'est gravé dans le marbre. Cela dit pour un coup d'essai, c'est proche du coup de maitre. On a peu souligné jusqu'à présent l'énorme travail logistique réalisé par la gauche et par le parti socialiste. Ce sont les militants d'un parti qui ont répliqué le travail d'une administration d'Etat. Pour organiser l'équivalent d'une élection républicaine nationale. Avec le même degré de fiabilité, de qualité, de sincérité du scrutin. Alors que c'est la première fois et donc sans expérience. Et puis, il faut bien le dire, la droite, l'UMP à mis de bâtons dans les roues. Notamment pour l'ouverture des bureaux de votes dans les municipalités UMP. Cet entre deux tours ne va-t-il pas poser problème. Les candidats vont être obligés de sortir un peu de leur réserve quitte à afficher un réel clivage ?On dit ça depuis trois mois. Depuis que ça à commencé on dit que ça va être une machine à perdre, que les candidats vont s'entre-tuer etc�?� Moi je remarque que depuis trois mois, le comportement collectif et individuel de l'ensemble des candidats est remarquable. A la fois parce qu'il permet le débat politique de fond : on voit les différences entre les uns et les autres ; on voit que la ligne politique d'Arnaud Montebourg, ce n'est pas celle de Manuel Valls. Et on peut identifier ces points de différences. Tout en respectant les candidats et dans le cadre de débat d'une tenue qui leur font honneur. Je trouve que l'on voit émerger une équipe gouvernementale, qui sort plus unis qu'elle n'y était entrée. Ca ne sera pas facile pour le perdant du deuxième tour d'afficher son soutien immédiat au vainqueur�?�Bien sur à l'issue d'une bataille politique c'est toujours compliqué de passer des différences internes, de la bataille interne à la réunification derrière. C'est ce qui avait manqué en 2006, à l'issu de la primaire interne du parti socialiste. A l'époque cela n'avait pas été pensé. Nous on a milité avec Terra Nova et Arnaud Montebourg pour imiter le modèle américain qui permet après parfois des batailles très rudes de se réunifier à l'issue de la primaire à travers un certain nombre de procédures dont la plus connue est la convention de réunification. Les battus de la primaire retrouvent alors une place derrière le vainqueur. Peut-on se dire qu'en cas de victoire de l'un ou l'autre à la présidentielle on aurait là le duo président-premier ministre ? Le fameux ticket ! C'est une vielle histoire de la cinquième république. On verra. Ce qui est sûr c'est que les deux finalistes ont des personnalités assez complémentaires. On aura besoin des deux, quel que soit l'ordre pour gagner la présidentielle et globalement on aura besoin de l'ensemble des six candidats qui, chacun représente une tonalité, un positionnement politique à gauche. C'est une équipe gouvernementale en construction. La droite doit-elle prendre exemple sur ces primaires ?Je le pense car fondamentalement, cette primaire est une avancée pour la démocratie. On a donné un droit démocratique nouveau aux citoyens qui est celui de choisir leur candidat à l'élection présidentielle et de choisir sa ligne politique. Par exemple Ségolène Royale avait été choisie par le parti socialiste et ses militants. En 2011, pour la première fois, ce choix, est transféré au citoyen. C'est une avancée de la démocratie et le propre des avancées démocratiques c'est qu'elles ont vocation à se généraliser et à se pérenniser. Et puis cela donne un avantage au candidat socialiste car il a une vraie légitimité démocratique. Normalement le président sortant a la légitimité démocratique. Là ça va être l'inverse. Pour la primaire, les socialistes vous ont écouté, c'est quoi votre prochaine idée �?�Il va falloir continuer ce travail de modernisation de la démocratie. La prochaine étape ça sera la modernisation des partis politiques. On vit en France avec des partis qui ont un modèle inchangé depuis la fin du dix-neuvième siècle. Or c'est incompatible avec le monde moderne. Les partis sont sclérosés et cela explique la désaffection des partis. Il faut passer de la logique des élites et des militants à une logique plus démocratique. Propos recueillis par Matthieu Jean

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