Des accusations de fraude visant à minimiser l'abstention ont été portées mardi par une militante des droits de l'Homme contre le pouvoir au Cameroun, toujours dans l'attente des résultats de l'élection présidentielle qui semble promis au président Paul Biya, en place depuis 1982.
La France a jugé le déroulement du scrutin de dimanche "acceptable" par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé.
La Cour Constitutionnelle a jusqu'au 24 octobre, pour proclamer les résultats.
Madeleine Afité, militante des droits de l'Homme et personnalité reconnue de la société civile camerounaise, a affirmé mardi à l'AFP avoir assisté à des fraudes destinées à minimiser le taux d'abstention.
"J'ai vu un monsieur portant une carte (badge) Elecam (Election Cameroon, commission électorale) (...) il donnait des lots (de cartes d'électeurs) aux enfants (qui) allaient émarger" à la place d'électeurs et "sans carte d'identité" dans un bureau de vote du quartier Bessangue à Douala, a affirmé Mme Afité.
"Ce n'était pas pour voter RDPC (Rassemblement démocratique du peuple camerounais, au pouvoir)" mais parce que "les urnes étaient vides" "c'était le problème de taux de participation, a-t-elle ajouté, "le problème c'était qu'il fallait qu'il y ait des bulletins dans les urnes".
Les observateurs et les journalistes présents ont noté une faible affluence, à l'issue d'une campagne semblant susciter peu d'engouement.
Le quotidien privé Mutations soulignait même que "les électeurs boudent la présidentielle".
La Commission nationale de recensement général des votes a tenu sa première réunion mardi."Notre travail va porter sur la vérification des décomptes faits par les bureaux de vote en passant par les commissions départementales", a affirmé son président le magistrat Clément Atangana.
"Nous allons faire des redressements s'il y a des erreurs.A l'issue de ce travail, nous rédigerons un procès verbal qui sera adressé au Conseil constitutionnel (la Cour suprême siège en tant que Cour constitutionnelle )", a-t-il ajouté.
A 78 ans, le président Biya briguait un sixième mandat après avoir modifié en 2008 la Constitution afin de pouvoir se représenter.L'opposition l'accuse d'avoir verrouillé le système électoral à son avantage.
"Paul Biya en pôle position", a titré mardi à sa une, L'Action, le journal du RDPC."Quelques heures après la fermeture des bureaux de vote, les premiers échos du terrain ne laissent aucun doute sur la victoire du candidat", précisait le journal.
L'attente des résultats et leur issue n'inquiétait en tout cas pas outre mesures les Camerounais.
Clarisse, commerçante, 29 ans, du quartier Bali au centre de Douala soulignait "c'est très calme maintenant.Les Camerounais on est pas trop concernés par le vote.De toute façon, on sait bien que le président va gagner il n'y a rien qui change, donc nous on est tranquilles".
Justin Temola, chômeur de Douala, confiait: "Ici rien ne change, il n'est pas question que les gens aillent dans la rue (...) On sait que le président sera réélu et voilà, il y a la paix".
A Paris, Alain Juppé a affirmé devant les députés français au sujet des élections présidentielle et législatives : "On peut considérer aujourd'hui qu'elles ont eu lieu dans des conditions acceptables.Nous appelons donc la population, la presse camerounaise et tous les acteurs politiques à faire preuve jusqu'au 24 octobre, date de proclamation des résultats et au-delà bien sûr, de modération et d'éviter tout recours à la violence".
A Yaoundé, l'équipe d'observateurs du Commonwealth a estimé lundi que les élections avaient été exemptes de "coercition" mais souligné qu'il y avait un "bon nombre de plaintes" sur l'organisation.
Un tiers des 20 millions de Camerounais n'a pas accès à l'eau potable et à l'électricité et une personne sur quatre vit avec moins de 1,1 euro par jour.
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