Egypte: un vice-Premier ministre démissionne après les violences, l'armée refuse

Infos. ...

LE CAIRE (AFP) - (AFP)

Un vice-Premier ministre égyptien a présenté mardi sa démission suite aux affrontements meurtriers de dimanche entre manifestants coptes et forces de l'ordre au Caire, qui ont provoqué colère et critiques contre l'armée et le gouvernement.

La démission de Hazem Beblawi, qui est également ministre des Finances, a toutefois été refusée par le chef du Conseil suprême des forces armées (CSFA), le maréchal Hussein Tantaoui, qui dirige l'Egypte depuis la chute en février du président Hosni Moubarak, selon l'agence officielle Mena.

M. Beblawi avait expliqué sa décision par le fait que les affrontements, qui ont fait 25 morts dont au moins 17 manifestants coptes, ont "ébranlé la sécurité de la société".

"Il n'y a peut-être pas de responsabilité directe du gouvernement dans cela, mais la responsabilité est la sienne au final", a-t-il déclaré.

Les affrontements sont survenus lors d'une manifestation de protestation contre l'incendie d'une église en Haute-Egypte.Les Coptes, ou chrétiens d'Egypte, représentent de 6 à 10% de la population du pays et dénoncent régulièrement des discriminations.

Ces événements, les plus meurtriers depuis la démission du président Moubarak, ont relancé les craintes pour la sécurité de cette minorité et pour l'avenir de la transition menée sous la houlette de l'armée.

Le parquet militaire a indiqué mardi que 28 personnes avaient été placées en détention provisoire pour 15 jours en attendant les résultats d'une enquête.

Au delà de la polémique sur la responsabilité initiale des affrontements, l'armée, jusqu'à récemment saluée pour sa retenue lors des manifestations, ainsi que le gouvernement, doivent faire face à de vives critiques pour la brutalité de la répression de la manifestation.

Certains journaux et partis politiques estimaient mardi que le Premier ministre Essam Charaf, souvent critiqué pour son manque d'autorité, devait partir.

"L'Etat a perdu sa stature, le régime est au bord de l'effondrement, et le gouvernement Charaf a perdu son crédit.Tout ce qui reste à faire pour le Premier ministre, c'est de partir", écrivait un influent quotidien indépendant, al-Masri al-Youm, dans un éditorial en première page.

"Ces événements nous ont ramenés en arrière (...) au lieu d'aller de l'avant pour construire un Etat moderne sur des bases démocratiques saines", avait reconnu M. Charaf quelques heures après les affrontements.

Quant à l'armée, "elle a perdu toute crédibilité en tant que +protectrice des citoyens+, et plus personne ne peut lui faire confiance dans ce rôle", a écrit un célèbre blogueur égyptien, Mahmoud Salem, sur son site.

Amnesty International a estimé que l'armée "doit d'urgence expliquer comment une manifestation contre la discrimination religieuse s'est transformée en bain de sang".

"On ne peut que se demander quel genre d'ordre a été donné pour mener des véhicules militaires à écraser des manifestants dans la rue.Si la police militaire et les autres forces de sécurité n'agissaient pas sur ordre, cela pose des questions sur leur capacité à maintenir la sécurité dans les manifestations", poursuit l'ONG.

La Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH) a de son côté condamné "l'usage excessif de la force par l'armée contre des manifestants principalement pacifiques".

Ce qui s'est passé au Caire "pose la question sur la capacité du CSFA à mener une transition pacifique", selon la FIDH.

Ces troubles sont survenus à quelques semaines du début des premières élections législatives depuis la chute de M. Moubarak, prévu le 28 novembre.

Au delà du scrutin, ces événements ont relancé les appels à un transfert rapide du pouvoir aux civils, prévu à l'issue d'une élection présidentielle attendue en 2012 mais dont la date n'a pas été fixée.

"Nous vivons un moment qui divise l'Egypte.L'armée doit retourner dans ses casernes pour le bien du pays, sinon il va s'enflammer", a déclaré à l'AFP Emad Gad, du centre d'études politiques al-Ahram.

Du président américain Barack Obama au secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, en passant par de nombreux autres dirigeants étrangers, le pouvoir égyptien fait face depuis lundi à un déluge de déclarations internationales inquiètes.

Le Haut Commissariat des Nations unies aux droits de l'Homme a appelé mardi les autorités du pays à s'assurer que l'enquête qu'elles ont promise soit menée de manière impartiale et indépendante.

Newsletter

Restez informé ! Recevez des alertes pour être au courant de toutes les dernières actualités.
Réagir à cet article

L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.

En direct
Les rendez-vous santé
Nos applications
Facebook
Twitter
Instagram
Egypte: un vice-Premier ministre démissionne après les violences, l'armée refuse