L'enlèvement dans l'est du Kenya de deux Espagnoles de Médecins sans frontières, probablement emmenées en Somalie, suscitait l'inquiétude vendredi à Dadaab sur la sécurité du plus grand camp de réfugiés du monde mais aussi sur la poursuite de l'aide internationale.
Les deux femmes ont été enlevées par trois hommes armés alors qu'elles se trouvaient dans le complexe de camps de Dadaab, qui accueille 450.000 réfugiés, essentiellement des Somaliens fuyant la guerre et la famine dans leur pays, à moins de 100 km de là.
"Les deux femmes blanches jouaient avec des enfants près de leur voiture, quand elles ont été mises en joue pour rentrer dans le véhicule", a raconté à l'AFP un témoin, un gardien qui a requis l'anonymat.
"Le chauffeur a résisté aux trois hommes armés mais il a aussitôt reçu une balle dans le cou", selon ce témoin.Le chauffeur, de nationalité kényane, a été hospitalisé à Dadaab puis transféré à Nairobi.
Les ravisseurs sont partis en direction de la Somalie, sous une forte pluie qui a rendu difficiles les recherches, malgré le renfort d'un hélicoptère, a indiqué la police kényane.
"Tous les éléments tendent à montrer qu'ils (les ravisseurs et leurs otages) sont de l'autre côté" de la frontière avec la Somalie, a déclaré à l'AFP le chef de la police pour la région de Dadaab, Leo Nyongesa.
Ce responsable policier a attribué l'enlèvement aux insurgés islamistes shebab, mais ces derniers n'avaient fait part d'aucune revendication vendredi.
Le 4X4 utilisé par les ravisseurs a été retrouvé jeudi soir à moins de 20 km de la frontière somalienne, dans un lieu dit Dadajabula, peut-être abandonné car il s'était enlisé, selon M. Nyongesa.
A Nairobi, une réunion d'urgence était convoquée vendredi en présence du chef de la police, Mathew Iteere, pour évoquer les trois enlèvements d'Européennes perpetrés en un mois dans l'est du Kenya.
Avant les deux spécialistes en logistique de MSF -- dont l'identité n'a pas été révélée -- , des gangs armés ont enlevé le 11 septembre une touriste britannique, Judith Tebbutt, puis le 1er octobre une ressortissante française, Marie Dedieu, dans l'archipel de Lamu, à quelque dizaines de kilomètres de la frontière somalienne.Les deux femmes ont toutes les deux été emmenées en Somalie par leurs ravisseurs.
Prévus à leur création en 1991 pour 90.000 réfugiés, les camps de Dadaab en accueillent aujourd'hui quelque 450.000.Depuis début octobre, plus de 7.500 personnes ont encore rejoint le complexe, selon l'ONU.
150 policiers pour un demi million de personnes
Or, "le nombre de policiers atteint à peine 200, 150 pour être précis, ce qui est très peu pour un endroit aussi grand", a indiqué à l'AFP une source policière ayant requis l'anonymat.
"Comme nous sommes peu nombreux, nous encourageons le personnel (humanitaire) à être accompagné par des gardes de sécurité", a poursuivi cette source.
Mais MSF, ultra-réticente d'une façon générale à travailler sous escorte, indique être la seule ONG à ne pas se déplacer accompagnée de policiers ou militaires à Dadaab.
L'enlèvement des deux Espagnoles, survenant après celui d'un chauffeur kényan de l'organisation Care en septembre, fait craindre aux réfugiés que les ONG réduisent désormais leurs activités.
"Notre plus grande peur est d'être privés des services de base comme la nourriture, l'eau ou les soins", commente Mohamed Youssouf Raagow, 30 ans.
"Les ravisseurs amènent ici les problèmes que nous avons laissés en Somalie, ce sont des gens qui ne cherchent qu'à soutirer de l'argent aux organisations humanitaires pour augmenter leur niveau de vie", dénonce Seynab Geedi, 50 ans.
"C'est de toute évidence un problème, car nous ne pouvons apporter une aide de base si notre personnel est enlevé, mais en même temps nous ne pouvons pas interrompre cette aide au demi-million de personnes qui en dépendent", a indiqué à l'AFP Gary Mc Gurk, directeur de Care Kenya.
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