CONGO-BRAZZAVILLE : Corruption : un rapport officiel dévoile ce que tout le monde savait : le pays est gangréné par la corruption à tous les niveaux ! Que doivent faire les autorités congolaises pour éradiquer ce fléau qui n'épargne, à divers degrés, aucun pays africain ?INTERVENANTS :Bienvenu MABILEMONO, acteur politique congolaisMichel MAHOUNGOU KANZA, essayiste, auteur d'un 3e ouvrage « Agonies en Françafrique » (L'Harmattan, Paris, 2011)Tous les rouages de la vie administrative et politique congolaises sont gangrénés par la corruption. C'est la conclusion tirée par la très officielle Commission de Lutte contre la Corruption, la concussion et la fraude instaurée depuis 2007 en République du Congo.Travaillant particulièrement sur l'année 2010, le rapport fustige le pourrissement des services comme les Douanes et Accises, la Direction générale des Impôts, le Service des Marchés Publics.Si les secteurs cités ci-haut sont les plus attaqués par la corruption, il faut dire que dans l'administration, de la Cité au ministère le plus important, tout se vend, tout s'achète : l'huissier ne vous laissera accéder au bureau d'accueil qui si vous lui glissez une pièce de monnaie.Dans les mairies, l'octroi d'un document ordinaire se monnaie à coup de billets de banques ; les policiers et les gendarmes ne vous protègent pas ; ils vous délestent de tout argent sous prétexte d'une infraction souvent imaginaire.Dans les services de santé, les soins sont largement monnayés, malgré les annonces officielles qui proclament « gratuit » tout acte médical.Même l'éducation nationale est déstructurée par la corruption : les enseignants ne sont pas recrutés sur base de leur diplôme, mais au volume de l'enveloppe qui accompagne leur dossier ; de l'école primaire à l'université, l'élève sait qu'il peut obtenir les notes qu'il veut moyennant une liasse d'argent.Les filles sont les victimes désignées de ce fléau qu'est la corruption : passage de classe, promotion, tout est soumis au paiement « en nature » et dans les services de l'Etat et dans les Entreprises publiques ou privées, les responsables estiment que le « droit de cuissage » est officiel.La population démunie paie le prix fort de ce dérèglement causé par la corruption. En effet, la fixation des prix de denrées alimentaires ne respecte aucune rigueur, mais plutôt la main de l'opérateur économique qui soutient sa structure de prix avec une bonne enveloppe.Les frais douaniers payés par les clients atterrissent principalement dans la poche des douaniers et seulement des miettes sont reversées au Trésor Public.Gagner un marché public ne dépend pas du dossier que vous présentez ; les marchés publics s'octroient sur base d'affinités non prévues par la loi.Le secteur administratif et politique n'échappe pas à ce sombre tableau : la plus petite élection, la moindre nomination, �?� tout est marqué par le phénomène des enveloppes qui circulent et des dessous de tables en tous genres�?� La justice n'échappe nullement à cette désintégration de la société congolaise : le jugement rendu est souvent conditionné par une visite préalablement « soutenue » au juge et au magistrat ; les avocats n'hésitent pas de se « saborder » pour de l'argent.Et les exemples sont légion, et cela, dans tous les domaines.Ce rapport courageux et même « dangereux » a établi un inventaire impitoyable de la dégradation de la vie en République du Congo.Comment en est-on arrivé là ?Peut-on éradiquer cette corruption qui a envahi tous les secteurs de la vie congolaise ?Qu'est-ce qui explique ce délabrement de la vie en général et de la conscience au Congo ?L'autorité, à tout le niveau, est consciente de cette situation : que fait-elle pour combattre la corruption ?Existe-t-il au Congo des secteurs qui échapperaient à ce fléau ?BRAZZAVILLE -- Le secrétaire permanent de la Commission nationale de lutte contre la corruption au Congo, Laurent Tengo, a dénoncé samedi à Brazzaville, le détournement de 82.853.948.834 F CFA pour des marchés publics non exécutés par des opérateurs économiques.« Au cours de ces investigations, la Commission a identifié 265 marchés publics, pour un coût global de 82.853.948.834 F CFA, dont la plupart étaient inexistants, embryonnaires, totalement abandonnés, partiellement abandonnés, en ruine, parfois achevés, mais non réceptionnés », a précisé Tengo, dans un rapport à mi parcours, publié devant la presse.« Le niveau de paiement ou de décaissement pour l'ensemble de ces marchés est estimé à 74,83 % tandis que le niveau de réalisation des travaux reste relativement faible à 43,67 % », a-t- il ajouté, soulignant que la Commission a sommé les entreprises, dans un délai de trois mois, soit à reverser au Trésor public les sommes indûment perçues, soit à achever les travaux. Celles qui n'ont pas répondu à ces sommations ou celles qui ne tiendront pas les engagements pris, leurs dossiers seront incessamment transmis, selon les cas, au président de la République ou aux juridictions qui trancheront en dernier ressort ».Selon Tengo, les études faites en 2003, 2009 et en 2010,c révèlent que tous les secteurs d'activités, tant publiques que privées, au Congo, sont touchés par le phénomène de corruption au Congo qui, en matière de corruption a occupé successivement le rang de 158ème en 2008 et de 162ème en 2009 sur 180 pays, avec un indice de perception de la corruption de 1,9. Les standards internationaux fixent l'indice de perception de corruption de 0 à 10. Et un indice inférieur à 3 indique une corruption endémique.Les différentes campagnes de sensibilisation menées par la Commission, ont produit des effets. L'indice de perception de la corruption au Congo est passé de 1,9 en 2008 et 2009 à 2,1 en 2010. Le Congo a marqué une avancée de 24 places par rapport à son rang de 2009, soit 154ème sur 178 pays en 2010, a conclu Tengo, invitant l'ensemble des couches sociales, notamment les médias à s'impliquer dans la lutte contre la corruption.Instituée en 2007, la Commission nationale de lutte contre la corruption, la concussion et la fraude, est un organe technique qui assiste le gouvernement dans la mise en �?uvre de sa politique de lutte contre ce phénomène pour lequel le Congo s'est doté depuis 2009 d'une loi.
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