Tunisie: la coalition progressiste du PDM croit en sa bonne étoile

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TUNIS (AFP) - (AFP)

Images de misère, détresse de laissés-pour-compte de la Tunisie de Ben Ali: la cinéaste Salma Baccar a promené sa caméra à Ben Arous, au sud de Tunis, où elle mène la liste du Pôle démocratique moderniste (PDM), la principale coalition de gauche pour l'élection de dimanche. 

En vingt minutes, son film -- présenté en ouverture de meetings -- capte tous les maux de cette circonscription industrielle connue pour être un fief traditionnel d'Ennahda, parti islamiste donné favori du scrutin pour designer une assemblée constituante.

Chômage, précarité, enfants pataugeant dans la boue, décharges sauvages, familles entassées dans des gourbis en tôle, sans eau, ni électricté, handicapés sans appui, ou ancien palais de beys (autorité à l'époque de la tutelle ottomane) pillé et délabré...

"Tout ce qui ne doit plus exister en Tunisie", résume le chef du Parti républicain, membre de la coalition, après la projection du film.

Dirigeant de l'un des partis -- une centaine -- nés ou légalisés après la chute du régime de Zine El-Abidine Ben Ali, Abdelaziz Belkhoja décrit des situations similaires à Bizerte (nord), où il se présente sous la bannière du PDM.

Les images crues de Salma Baccar tranchent avec l'ambiance bon enfant et l'effervescence des jeunes en nombre à l'accueil de son meeting mercredi soir à Ezzahra, dans une salle municipale aux murs couverts d'étoiles, logo du PDM renvoyant à son appelation arabe de Kotb (astre).

Musique, poésie et hymne national en soprano y accompagnent l'étoile scintillante à cinq branches au nombre des partis qui composent l'alliance autour d'Ettajdid (renouveau, ex-communistes) d'Ahmed Brahim. "Faire barrage à Ennahda" est l'objectif déclaré du pôle qui se présente en protecteur de "tous ceux qui craignent l'émergence de force obscurantistes", sans toutefois renier "l'identité arabo-musulmane" inscrite dans son projet de constitution.

"Nous avons été attaqués pour apostasie et athéisme, questionnés sur notre foi, la tyrannie commence par là", avertit Mohamed Kilani, chef du Parti socialiste de gauche dans le PDM, qui craint le "danger intégriste".

Accompagné à la tribune par Ouajiha Jendoubi, une comédienne renommée, Ahmed Brahim se dit "fier" d'être porteur d'"un projet démocratique moderniste, aux antipodes des pratiques moyenâgeuses".

Fier aussi de compter un grand nombre de femmes et d'artistes dans le camp du PDM.Et de conclure sous le tonnerre d'applaudissements de quelque 300 sympathisants sur des mots du poète engagé Seghaier Ouled Ahmed: "les femmes de mon pays sont des femmes et demi". Après un démarrage très timide, le PDM --présent dans toutes les circonscriptions-- a commencé à croire en sa bonne étoile.

Les derniers à rejoidre la campagne, Jalila Baccar et Fadhel Jaibi, un couple vedette du théâtre militant, plusieurs fois primés à l'étranger.

A l'avant-garde du combat pour les libertés, la comédienne et son compagnon réalisateur ont été agressés par la police lors d'une manifestation d'artistes peu avant la fuite de Ben Ali en Arabie Saoudite le 14 janvier.

"Nous appelons solennellement les citoyens qui, pendant plus de quarante ans, ont pris fait et cause pour notre théâtre citoyen et nos prises de position résistantes (...) à voter PDM", déclarent-ils à quatre jours du scrutin.

Le PDM "a été le seul rassemblement qui a fermement et irrévocablement condamné les déferlantes obscurantistes et réactionnaires qui menacent notre précaire révolution", affirment-ils dans un appel à pétition.

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