Le chef du bureau de vote Jaouadi Boumnijel est le dernier à glisser son bulletin dans l'urne.La boîte en plastique transparent est fermée avec cinq scellés dont les numéros sont scrupuleusement consignés dans un PV.Puis c'est la pause café.
Le bureau numéro 4 attend le président du centre de vote, qui supervise les quatre bureaux de cette école primaire d'Ibn Khaldoun, cité populaire de l'ouest de Tunis."Il n'est pas là", constatent, sérieux et fatigués, les agents de la commission électorale (Isie).
Les cinq agents, deux hommes et trois femmes dont une voilée, prennent une pause café et s'organisent pour le dépouillement.
Un représentant de la coalition du Pôle démocrate moderniste (PDM, qui regroupe cinq partis de gauche) et un observateur tunisien du centre Chahed (témoin) les regardent, sans faire de commentaire.
Un formulaire de PV manque, les membres du bureau discutent.Une des agents, Olfa, exige d'appeler l'Isie avant de commencer le dépouillement sans le précieux formulaire.Nouveau débat.
Le décompte commence enfin vers 20H15.Les bulletins, des posters au format A3 sur lesquels figurent les numéros, noms et logos des 80 listes qui se présentaient dans cette circonscription de Tunis, sont dépliés.
Ils comptent une fois, deux fois, trois fois: 762 votants sur les 898 inscrits sur les listes électorales dont disposait le bureau.Puis nouveau décompte, cette fois pour calculer le nombre de bulletins non utilisés, sur les mille remis au bureau de vote avant l'ouverture du scrutin.
"Les illettrés ont été manipulés", lance Me Ryadh Ouslati, l'obervateur. "Des femmes âgées voulaient entrer dans l'isoloir avec une étiquette dissimulée portant le numéro et logo d'Ennahda", le parti islamiste favori du scrutin, affirme Olfa, exhibant des bouts de papier confisqués.
Dans la cour de l'école, le responsable du PDM dit avoir entendu des hommes crier "Hamama!Hamama!54!" (colombe!54!), logo symbole et numéro de la liste d'Ennahda, alors qu'ils auraient dû quitter le centre juste après le vote.
Le chef du bureau de vote finit par avoir l'Isie au téléphone et réclame le "le formulaire manquant".
L'urne était encore scellée à 21H00.Le dépouillement attendra encore un peu.
"Nous sommes fatigués, mais les choses doivent être faites convenablement", assène Olfa.
Pourtant ils croyaient avoir vu le bout de cette longue journée, quand peu après 19H00, un officier d'une cinquantaine d'année a poussé un "ouf" de soulagement: deux jeunes militaires venaient de fermer les grilles de l'école.
Quelques dizaines d'électeurs, essentiellement des femmes de ménage venues après leur journée de travail, arrivés avant l'heure officielle de clôture ont pu voter.Puis les grilles se refermées pour de bon.
"Nous sommes sur le pied de guerre en non stop depuis vendredi pour sécuriser l'acheminement du matériel et surveiller le déroulement du vote", explique l'officier, qui n'a noté "aucun incident" malgré l'affluence, massive dès l'ouverture du bureau.
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