Le bilan du raid aérien kényan mené dimanche sur un camp de déplacés en Somalie s'est alourdi lundi, avec au moins 5 civils tués selon MSF, au moment où le Premier ministre somalien Abdiweli Mohamed Ali menait de délicates discussions à Nairobi sur l'opération militaire kényane dans son pays.
"Le bilan est de 5 morts maintenant selon nos chiffres, dont 3 enfants, une femme et un homme", a affirmé au téléphone à l'AFP Gautam Chapperjee, chef de la mission Médecins sans frontières Hollande pour la Somalie, précisant que 47 blessés étaient hospitalisés.
Le précédent bilan donné dimanche par MSF, qui avait une équipe présente à Jilib lors de l'attaque, faisait état de trois morts.
L'armée kényane a revendiqué avoir mené un raid aérien contre cette localité contrôlée par les insurgés islamistes shebab, mais elle affirme que cette attaque a tué 10 combattants shebab, à l'exclusion de toute victime civile. Le raid aérien et les victimes civiles qu'il a fait, selon MSF comme selon plusieurs autres témoins sur place, risque de compliquer davantage la visite à Nairobi du Premier ministre somalien.
Abdiweli Mohamed Ali, qui rencontrait en milieu de journée le Premier ministre kényan Raila Odinga, doit évoquer la légitimité de l'intervention kényane -- vivement contestée par le président somalien Sharif Cheikh Ahmed -- et la coopération entre Nairobi et Mogadiscio.
L'armée kényane est entrée en Somalie le 14 octobre, selon son haut commandement, afin de neutraliser les shebab qui contrôlent la plus grande partie du sud et du centre de ce pays livré à la guerre civile depuis vingt ans.
Nairobi accuse les shebab d'avoir violé son intégrité territoriale, notamment lors d'une série d'enlèvements de quatre Européennes dans le nord-est du Kenya ces dernières semaines, à propos desquels les shebab rejettent toute responsabilité.
Détaillant le bilan de 5 morts, M. Chapperjee a précisé que les trois enfants avaient été tués dans l'explosion d'une bombe, qu'un homme était mort ensuite à l'hôpital MSF de Marare, à 50 km de Jilib, et qu'une femme était décédée pendant son transfert vers Mogadiscio. "Nous soignons en ce moment dans notre hôpital de Marare 31 enfants, 9 femmes et 4 hommes blessés par des éclats de bombe", a déclaré M. Chapperjee, ajoutant que 3 blessés plus graves ont été transférés à Mogadiscio.
"Deux des enfants qui ont été tués venaient de quitter notre centre de traitement contre le choléra il y a quelques jours", a précisé M. Chapperjee, en contact téléphonique avec son équipe sur place. "Un de nos employés a appelé ce matin, il était très secoué par ce qu'il a vu.Il travaillait au centre anti-choléra et il a vu l'explosion deux cents mètres plus loin, là où le camp de déplacés est installé.Il a vu les gens s'enfuir en courant, et avec un autre collègue il a tenté d'organiser le transfert (des blessés) vers Marare".
MSF a ouvert ce centre face à la multiplication de cas de choléra dans le camp de Jilib, qui regroupe environ 9.000 personnes ayant fui la sécheresse et la famine qui ravagent depuis des mois le sud de la Somalie.
Médecins sans frontières a rapatrié vers Marare son équipe de Jilib, où soins médicaux et aide alimentaire étaient suspendus lundi. MSF décidera en fonction de l'évolution de la situation militaire s'il peut reprendre ses activités à Jilib, où s'il doit au contraire suspendre aussi le fonctionnement de l'hôpital de Marare, également situé dans une zone sous contrôle shebab.
Les shebab interdisent l'accès des zones sous leur contrôle à la plupart des organisations humanitaires internationales, qu'ils soupçonnent de se livrer à de l'espionnage ou de la propagande, à quelques exceptions près comme MSF.
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