Les pays d'Afrique australe ont d'ambitieux projets d'interconnexion de leurs chemins de fer pour mieux écouler leurs exportations et favoriser leur futur marché commun, mais la création du réseau intégré qu'ils appellent de leurs voeux peine à voir le jour.
A l'exception du réseau sud-africain qui est plus développé, la plupart des lignes de la région ont été construites par les anciennes puissances coloniales dans le seul but d'acheminer les richesses de l'intérieur vers les ports.Elles sont le plus souvent isolées, sans connexion entre elles.
Il s'agit aujourd'hui de les réhabiliter pour pouvoir mieux exporter les matières premières et de construire les "chaînons manquants", de façon a disposer d'un réseau intégré qui trouve sa légitimité dans les projets de marché commun de la région.
Parmi les avocats du rail, le ministre sud-africain des Entreprises publiques Malusi Gigaba : "L'expansion de nos industries des mines et de transformation des matières premières, qui sont les principaux exportateurs dans nos économies, dépendra de la croissance de la capacité ferroviaire", les routes ne suffisant pas, a-t-il plaidé lors d'une récente conférence à Johannesburg.
En attendant un schéma directeur annoncé à l'échelle de toute la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC), les projets à plusieurs milliards de dollars ne manquent pas dans la région, et certains chantiers sont bien avancés.
A la grande joie des entreprises chinoises, très présentes dans le secteur.
Angola et Mozambique rénovent ainsi massivement leurs infrastructures ferroviaires malmenées par des décennies de guerre civile.Et l'Afrique du Sud annonce un triplement des investissements, d'autant plus nécessaire que des goulets d'étranglement freinent ses exportations de matières premières.Elle envisage même de faire traverser le petit Swaziland à ses trains de marchandises pour écouler son charbon.
L'un des projets les plus spectaculaires de la région doit relier directement le réseau namibien à la région de Johannesburg, en Afrique du Sud, en traversant le désert botswanais du Kalahari.
Mais tout ne va pas pour le mieux dans le meilleur des mondes ferroviaires possibles, entre voisins : le Botswana envisage ainsi une liaison vers les ports du Mozambique qui passerait par le Zimbabwe pour éviter le transit obligé par l'Afrique du Sud, tandis que la Namibie construit une voie ferrée conduisant vers l'Angola...où aucune suite n'est prévue.
"Ces dernières années (...) on assiste à un regain d'intérêt pour la relance du secteur ferroviaire.Mais le principal défi n'est pas de financer la construction d'infrastructures", estime le consultant Bo Giering; "C'est plutôt d'avoir un service ferroviaire économiquement viable et durable."
Et de décrire des méthodes d'un autre âge, avec des transbordements inutiles et une rotation peu efficiente du matériel.
Le passage des frontières est aussi un problème majeur, les convois restant souvent coincés pendant deux ou trois jours.
"L'innovation dans le système de passage en douane, spécialement pour le rail, doit donner un avantage supplémentaire à ce moyen de transport", note sobrement le ministre Gigaba.L'idée est de pouvoir passer en une heure.
En attendant, le transport représente 55% des coûts totaux des marchandises dans un pays enclavé comme le Malawi, relève Barnard Dzawanda, directeur de l'Association des chemins de fer d'Afrique australe (Sara).
Reste qu'à l'heure où la région s'engage à unifier ses chemins de fer, les Sud-Africains ont introduit une difficulté supplémentaire : ils veulent construire leurs nouvelles lignes à voie normale (avec un écartement de 1,435 m, jugé plus commode), alors que toutes les voies ferrées d'Afrique australe ont en commun l'"écartement du Cap" de 1,067 m.
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