L'Eglise que le pape trouvera en Afrique est en pleine croissance et très vivante, mais en même temps confrontée à maints défis, des scandales de moeurs à la concurrence des sectes en passant par les violences et la corruption.
Le synode africain de 2009 présidé par Benoît XVI avait répondu à une kyrielle de questions des Eglises locales sur la meilleure manière d'assurer la réconciliation, la justice et la paix, notamment après le génocide rwandais de 1994.
Celles-ci sont invitées à incarner ces trois réalités, dans un document, "l'exhortation apostolique", que le pape remettra dimanche à Cotonou aux évêques du continent.
Nulle part ailleurs qu'en Afrique le catholicisme ne progresse autant (plus de 8 millions, + 0,29% entre 2007 et 2008), au point que le continent envoit ses prêtres dans les églises désertées d'Occident.Le dynamisme est visible aussi dans les ordres féminins.
Mais les problèmes sont multiples.Le clergé est éclaboussé par des scandales: des relations extraconjugales fréquentes aux abus pédophiles avec des filles mineures, des collusions avec le pouvoir politique aux fortunes mal acquises.
Un prêtre africain va par exemple laisser des francs-maçons se réunir dans sa paroisse ou pratiquer des exorcismes ou sacrifices vaudous.
Au Bénin, pas moins de deux évêques, dont l'archevêque de Cotonou, Marcel Honorat Agboton, ont été démis pour des scandales de moeurs.
L'exode rural et l'émancipation vis-à-vis du clan traditionnel constituent une chance, analyse Mario Giro de la Communauté de Sant'Egidio, car il conduit à "réévaluer le rôle des laïcs africains, à se battre davantage contre la situation subalterne des femmes".
L'Eglise est amenée à retrouver sa vocation de "protéger les faibles", comme une "nouvelle famille" au delà des liens communautaires, alors que les structures traditionnelles s'affaiblissent, note-t-il.
La concurrence entre religions est plus vive, en pleine précarité sociale.
Des catholiques déçus vont vers des sectes pentecôtistes chaleureuses qui "proposent la prise en charge totale, alors que l'Eglise n'offre que des +je vous salue Marie+", note un observateur béninois.
"Il faut une seconde évangélisation, qui aide les baptisés à ne pas se laisser attirer par les marchands d'illusion", juge le père togolais Ballang, directeur de la section africaine francophone de Radio Vatican.
Donnant un avant-goût de son message, Benoît XVI a demandé récemment l'arrêt des violences entre chrétiens et musulmans au Nigeria, alors que des groupes salafistes concurrencent un islam majoritairement tolérant.
Il a aussi dénoncé les meurtres rituels des plus faibles, dans une mise en garde contre la sorcellerie.
Il a invité à ne pas "avoir peur de faire la vérité" sur les crimes commis lors des crises nationales comme récemment en Côte d'Ivoire.
L'�?glise "ne désire pas se substituer à l'�?tat, mais peut à travers ses nombreuses institutions dans les domaines éducatifs et sanitaires apporter réconfort et soin", a-t-il observé.
Elle est effectivement au premier plan sur le front scolaire.Malgré l'opposition officielle de l'Eglise aux préservatifs, elle est la première institution engagée dans les soins aux malades du SIDA.
Alors que la mauvaise gouvernance est omniprésente, les évêques doivent aider les catholiques à développer une "conscience juste", a souligné une source de l'Eglise.
Plus que d'administrateurs, "l'Eglise africaine a besoin d'évêques théologiens qui habitent l'intérieur de leurs cultures en les mettant en relation avec les autres cultures", selon elle.Et les évêques doivent refuser une "évangélisation à bon marché" et le laxisme notamment sur la polygamie.
En 2009, Benoît XVI avait qualifié l'Afrique de "poumon spirituel pour une humanité en crise d'espérance" mais l'avait jugé menacée par le fondamentalisme et l'exportation par l'Occident de ses "déchets toxiques spirituels".On critique à Rome la volonté de celui-ci d'imposer ses conceptions sur la famille et le contrôle des naissances.
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