Soudan du Sud: libération de deux journalistes critiques du président Kiir

Les autorités au Soudan du Sud ont libéré deux journalistes arrêtés il y a deux semaines pour avoir critiqué la famille du président Salva Kiir, a annoncé l'organisation Amnesty International.

Ngor Garang, rédacteur en chef du journal Destiny, et le journaliste Dengdit Ayok avaient été arrêtés à Juba après la parution d'une tribune signée par M. Ayok dénonçant le manque de patriotisme de M. Kiir, accusé d'avoir laissé sa fille épouser un Ethiopien, écrit l'ONG dans un communiqué reçu samedi.

Le chef de la sécurité nationale, Akol Koor, avait alors accusé le journal Destiny d'avoir publié des "informations illégales" diffamatoires et portant atteinte au respect de la vie privée.

Selon le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), Destiny a été suspendu, bien qu'il ait publié des excuses et suspendu M. Ayok pour un mois.

Interrogé sur cette affaire par un journaliste local début novembre, M. Kiir avait nié avoir lui-même donné l'ordre d'arrêter les deux hommes, tout en rappelant que la diffamation était un délit.

"Arrêter quelqu'un simplement parce qu'il a critiqué le président est une atteinte scandaleuse à la liberté d'expression", a déclaré Erwin van der Borght, directeur d'Amnesty pour l'Afrique.

Le Soudan du Sud a obtenu son indépendance le 9 juillet après des décennies de guerre civile (1983-2005, 2 millions de morts), mais les organisations de défense des droits de l'Homme critiquent régulièrement le manque d'empressement des ex-rebelles désormais au pouvoir à garantir les libertés pour lesquelles ils se sont battus.

"Il est alarmant de voir la plus jeune nation du monde se mettre à arrêter déjà des journalistes pour de vagues accusations", avait déclaré le 8 novembre Tom Rhodes, consultant du CPJ pour l'Afrique de l'Est.