Les affrontements entre des centaines de manifestants réclamant la fin du pouvoir militaire et forces de l'ordre sont entrés dans leur troisième jour lundi matin place Tahrir au Caire, après avoir fait 22 morts depuis samedi en Egypte.
La police tirait des grenades lacrymogènes sur les manifestants, qui répondaient en jetant des pierres, répartis en petits groupes sur la place et aux alentours de ce lieu emblématique de la révolte populaire ayant provoqué la chute de Hosni Moubarak en février.
Les accrochages les plus durs se déroulaient aux abords du ministère de l'Intérieur, cible privilégiée des manifestants et sous forte garde des forces anti-émeutes, près de la place Tahrir.
La télévision publique a continué de retransmettre ces scènes en direct, comme elle le fait depuis le début des affrontements.
Selon le ministère de la Santé, les violences ont fait 22 morts au total depuis samedi au Caire et dans d'autres villes du pays.
Le précédent bilan, basé sur des sources officielles et médicales, était de 15 morts depuis le début des affrontements samedi, 14 au Caire (un samedi et 13 dimanche) et un à Alexandrie (nord).
Ces affrontements interviennent à une semaine du début des premières élections législatives depuis la chute de l'ancien président, qui doivent débuter le 28 novembre et s'étaler sur plusieurs mois.
Les manifestants réclament la fin du pouvoir militaire qui s'est installé au départ de M. Moubarak.Les slogans visent en particulier le maréchal Hussein Tantaoui, un cacique de l'ancien régime qui est désormais de fait à la tête du pays en sa qualité de chef du Conseil suprême des forces armées (CSFA).
Tôt lundi matin, l'imam de la mosquée Omar Makram sur la place Tahrir, cheikh Mazhar Chahine, avait assuré à la télévision publique être parvenu à un accord avec les forces de l'ordre et que le calme était revenu sur la place.
Dimanche et durant toute la nuit, des milliers de manifestants ont lancé des pierres et des cocktails molotov en direction des policiers, dont certains ont répliqué depuis le toit d'un immeuble proche du ministère de l'Intérieur, selon un journaliste de l'AFP.
Les policiers tiraient des balles en caoutchouc, mais également de nombreuses grenades lacrymogènes que des manifestants leur renvoyaient en criant "Le peuple veut l'exécution du maréchal" Hussein Tantaoui.
Plusieurs médecins ont affirmé avoir dû soigner de nombreuses blessures par balles réelles.Le docteur Mohammed Taher a déclaré à l'AFP avoir vu un homme ayant reçu une balle dans la tête et un autre blessé au cou, tous deux dans un état grave.
Des manifestations ont également eu lieu dimanche à el-Arich, dans le Sinaï, à Suez et à Ismaïlia, sur le canal de Suez, tandis que des heurts ont éclaté à l'issue des funérailles du jeune homme tué samedi à Alexandrie.
Ces affrontements, qui rappellent par leur violence les scènes de la révolte contre le régime au début de l'année, ont relancé les craintes que les élections législatives ne soient émaillées de violences.
L'armée s'est engagée à rendre le pouvoir aux civils après l'élection d'un nouveau président, mais la date de la présidentielle qui doit suivre les législatives n'est pas encore connue.
L'armée a dit "regretter" les événements actuels, appelant le gouvernement a rencontrer les forces politiques pour y mettre fin, tout en réaffirmant s'en tenir au calendrier électoral établi, dans un communiqué lu dimanche soir à la télévision publique.
A l'étranger, la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a estimé dimanche que la loi et l'ordre devaient être assurés "dans le respect des droits de l'Homme", tandis que Londres a "condamné la violence" et que Rome et Berlin ont exprimé leur "profonde préoccupation" face à cette situation.
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