Egypte: troisième jour d'affrontements place Tahrir, 22 morts en trois jours

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LE CAIRE (AFP) - (AFP)

Les affrontements entre les forces de l'ordre et des centaines de manifestants réclamant la chute du pouvoir militaire sont entrés dans leur troisième jour lundi place Tahrir au Caire, après avoir fait 22 morts depuis samedi en Egypte.

Un homme a péri samedi à Alexandrie (nord), tandis que 21 personnes sont décédées au Caire, par des balles réelles ou mortes d'asphyxie en raison des nombreux tirs par la police de grenades lacrymogènes, selon le responsable d'une morgue.

Ce responsable avait précédemment annoncé 33 décès, avant de revenir sur ce chiffre, assurant que 11 personnes étaient décédées dans des circonstances sans aucun lien avec les affrontements.

De son côté, le ministère de la Santé a fait état de 22 décès.

Face à ces violences, le ministre égyptien de la Culture, Emad Abou Ghazi, a présenté sa démission pour "protester" contre la réaction du gouvernement, a rapporté l'agence officielle Mena.

Dans le même temps, la Ligue arabe, qui s'exprimait pour la première fois sur ces événements, a appelé au calme, exhortant les acteurs politiques à travailler au "changement démocratique".

Sur les marchés, la Bourse du Caire a chuté de 4,04%, l'index EGX-30 tombant à 3,860.99 points.

Sur la place Tahrir, la police tirait toujours des grenades lacrymogènes sur les manifestants, qui répondaient en jetant des pierres, répartis en petits groupes sur la place et aux alentours de ce lieu emblématique de la révolte populaire ayant provoqué la chute de Hosni Moubarak en février.

Les accrochages les plus durs se déroulaient, eux, aux abords du ministère de l'Intérieur, cible privilégiée des manifestants et sous forte garde des forces anti-émeutes, près de la place Tahrir.

La télévision publique a continué de retransmettre ces scènes en direct, comme elle le fait depuis le début des affrontements.

Ces violences interviennent à une semaine du début des premières élections législatives depuis la chute de l'ancien président, prévues le 28 novembre et et qui doivent s'étaler sur plusieurs mois.

Les manifestants réclament la fin du pouvoir militaire qui s'est installé au départ de M. Moubarak.Les slogans visent en particulier le maréchal Hussein Tantaoui, un cacique de l'ancien régime qui est désormais de fait à la tête du pays en sa qualité de chef du Conseil suprême des forces armées (CSFA).

Dimanche et durant toute la nuit, des milliers de manifestants ont lancé des pierres et des cocktails molotov en direction des policiers, dont certains ont répliqué depuis le toit d'un immeuble proche du ministère de l'Intérieur, selon un journaliste de l'AFP.

Les policiers tiraient des balles en caoutchouc, mais également de nombreuses grenades lacrymogènes que des manifestants leur renvoyaient en criant "Le peuple veut l'exécution du maréchal" Hussein Tantaoui.

Plusieurs médecins ont affirmé avoir dû soigner de nombreuses blessures par balles réelles.Le docteur Mohammed Taher a déclaré à l'AFP avoir vu un homme ayant reçu une balle dans la tête et un autre blessé au cou, tous deux dans un état grave.

Des manifestations ont également eu lieu dimanche à el-Arich, dans le Sinaï, à Suez et à Ismaïlia, sur le canal de Suez, tandis que des heurts ont éclaté à l'issue des funérailles du jeune homme tué samedi à Alexandrie.

Ces affrontements, qui rappellent par leur violence les scènes de la révolte contre le régime au début de l'année, ont relancé les craintes que les élections législatives ne soient émaillées de violences.

L'armée s'est engagée à rendre le pouvoir aux civils après l'élection d'un nouveau président, mais la date de la présidentielle qui doit suivre les législatives n'est pas encore connue.

L'armée a dit "regretter" les événements actuels, appelant le gouvernement a rencontrer les forces politiques pour y mettre fin, tout en réaffirmant s'en tenir au calendrier électoral établi, dans un communiqué lu dimanche soir à la télévision publique.

A l'étranger, la France s'est dit "vivement préoccupée" par les affrontements, appelant forces de l'ordre et manifestants à faire preuve de "responsabilité".

La chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton avait estimé que la loi et l'ordre devaient être assurés "dans le respect des droits de l'Homme", tandis que Londres avait "condamné la violence" et que Rome et Berlin avaient exprimé leur "profonde préoccupation".

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