Afrique du Sud: le Parlement doit voter une loi controversée sur les médias

Infos. ...

LE CAP (AFP) - (AFP)

Le Parlement sud-africain devait voter mardi une loi très controversée restreignant la publication de documents sensibles par les médias, malgré les critiques qui accusent le Congrès national africain (ANC) au pouvoir de mettre la démocratie en péril.

Pour protester contre ce texte jugé liberticide, responsables de la presse, médias, partis d'opposition et associations de défense des droits de l'Homme et de la liberté d'expression ont appelé à un "mardi noir", invitant les Sud-Africains à porter des vêtements noirs.

Alors que les grands journaux faisaient éditorial commun, des manifestations ont été annoncées à Pretoria, Johannesburg, Soweto et au Cap, où le Parlement devait voter le texte dans l'après-midi.Elles ne rassemblaient que peu de monde dans la matinée, selon l'agence Sapa.

La loi dite de "Protection des Informations d'Etat" est en projet depuis 2008.Elle est susceptible, même si le gouvernement et l'ANC s'en défendent, de décourager la divulgation de données sensibles en classant secrètes de nombreuses informations d'Etat, les journalistes qui les révèleraient étant menacés de prison.

 Le gouvernement affirme que la loi est destinée à dépoussiérer un texte de 1982 et contrer la menace d'espionnage.

Mais bien que la première version ait été adoucie, le monde de la presse, soutenu notamment par le prix Nobel de littérature Nadine Gordimer et le prix Nobel de la Paix Desmond Tutu, estime que la liberté de la presse est menacée, et qu'il sera beaucoup plus difficile de dénoncer des affaires de corruption.

"La protection des informations d'Etat n'est pas seulement imparfaite, elle est insultante pour tous les Sud-Africains qui devront digérer une loi qui pourrait être utilisée pour interdire la dénonciation et le journalisme d'investigation, qui ne contient aucune clause de défense des intérêts publics, et qui rend l'Etat uniquement responsable devant l'Etat", a lancé Mgr Tutu.

La Fondation Nelson Mandela, qui avait tenté de jouer les médiateurs, a estimé mardi que des progrès avaient certes été accomplis, mais que le texte n'était toujours pas acceptable en l'état.

"Depuis le début, nous avons cherché à nous assurer que le projet de loi répond à des normes de constitutionnalité et aux aspirations à la liberté de l'information et d'expression, tout en fournissant en même temps une protection aux secrets d'Etat légitimes.(...) Beaucoup a été accompli, mais on ne peut pas encore dire que le projet de loi a respecté les normes requises et les aspirations mentionnées", a noté la Fondation du premier président noir du pays.

Le quotidien The Times rappelle d'ailleurs que Nelson Mandela avait promis en 1997 que la liberté de la presse ne serait pas menacée "tant que l'ANC (serait) le parti majoritaire" en Afrique du Sud.

Le porte-parole du groupe parlementaire de l'ANC, Moloto Mothapo, a indiqué à la radio 702 que le parti au pouvoir ne reculerait pas, et que les journalistes ne pouvaient mettre la sécurité du pays en péril pour le simple plaisir de publier des scoops.

Le "mardi noir" est une référence directe au "mercredi noir" du 19 octobre 1977, jour où plusieurs publications avaient été bannies par le régime de l'apartheid.

"Le seul résultat de cette comparaison malheureuse et la campagne prévue, dans laquelle les gens sont invités à s'habiller en noir, sera de diluer la véritable histoire du mercredi noir et d'insulter les victimes des lois barbares de l'apartheid", a réagi dans un communiqué Mathole Motshekga, responsable du groupe parlementaire de l'ANC.

Newsletter

Restez informé ! Recevez des alertes pour être au courant de toutes les dernières actualités.
Réagir à cet article

L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.

En direct
Les rendez-vous santé
Nos applications
Facebook
Twitter
Instagram
Afrique du Sud: le Parlement doit voter une loi controversée sur les médias