Le Parlement sud-africain adopte une loi sur la presse jugée liberticide

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LE CAP (AFP) - (AFP)

L'Assemblée nationale sud-africaine a adopté mardi une loi très controversée restreignant la publication de documents sensibles par les médias, malgré les critiques qui accusent le Congrès national africain (ANC) au pouvoir de mettre la démocratie en péril.

L'ANC a utilisé sa large majorité à l'Assemblée pour faire passer sa loi dite de "Protection des Informations d'Etat" qui menace d'envoyer en prison pour cinq ans les journalistes qui publieraient des données classées secrètes, voire vingt-cinq ans en cas de présomption d'espionnage.

Le texte a été approuvé par 229 voix contre 107 par la Chambre, qui compte normalement 400 députés.Il y a eu 2 abstentions et 62 absents.Sur les bancs de l'opposition, les députés s'étaient habillés en noir.

Cette loi doit maintenant être soumis au Conseil national des provinces (chambre haute du Parlement), avant d'être transmis pour signature au président Jacob Zuma.

Avant le vote, les partis de l'opposition ont promis un recours devant la Cour constitutionnelle, jugeant ses dispositions incompatibles avec la très libérale loi fondamentale sud-africaine.

Lindiwe Mazibuko, la présidente du groupe de l'Alliance démocratique (DA, principale formation de l'opposition) a prévenu que son parti tenterait d'obtenir des amendements des représentants des provinces.

La loi, qui vise à décourager la divulgation de données sensibles, est discutée depuis 2008.

Le gouvernement affirme qu'elle est uniquement destinée à dépoussiérer un texte de 1982 --aux heures les plus sombres de l'apartheid--, afin de contrer la menace d'espionnage.

Mais le monde de la presse et l'opposition, soutenus notamment par le prix Nobel de littérature Nadine Gordimer et le prix Nobel de la Paix Desmond Tutu, estiment que la liberté de la presse est menacée, et qu'il sera beaucoup plus difficile à l'avenir de dénoncer des affaires de corruption.

Les opposants à ce texte jugé liberticide avaient appelé à un "mardi noir", invitant les Sud-Africains à porter des vêtements noirs.

La journée a été marquée par des manifestations, notamment devant le Parlement au Cap, où quelques centaines de personnes ont tenté de faire pression sur les députés, portant des pancartes où était écrit "Nelson Mandela, à l'aide -- sauve notre liberté!" ou "Non à la censure".

Ce "mardi noir" est une référence directe au "mercredi noir" du 19 octobre 1977, jour où plusieurs publications avaient été bannies par le régime de l'apartheid.

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