Burundi: plus de 300 ex-rebelles tués en cinq mois, le gouvernement conteste

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BUJUMBURA (AFP) - (AFP)

Plus de 300 militants et anciens combattants de l'ex-rébellion des Forces nationales de libération ont été assassinés au cours des cinq derniers mois au Burundi, a accusé un collectif de la société civile, des accusations portées "sans preuves" selon le gouvernement.

"Nous constatons avec consternation que dans tous les coins du pays, une machine à tuer diabolique cible constamment les militants des partis d'opposition", a déclaré mardi à l'AFP Onesphore Nduwayo, président de l'Observatoire de l'action gouvernementale (OAG), qui regroupe plusieurs associations de la société civile au Burundi.

"Ainsi, depuis plus de cinq mois, plus de 300 militants ou anciens combattants démobilisés du parti FNL d'Agathon Rwasa ont été tués", a-t-il ajouté.

Dans la majeure partie des cas, selon M. Nduwayo, "ces gens sont arrêtés par les Imbonerakure (membres de la ligue des jeunes du parti au pouvoir) ou par des éléments de la police ou des services secrets, sont conduits dans un endroit inconnu puis on les retrouve morts, exécutés".

Le parti d'opposition Mouvement pour la solidarité nationale (MSD) de l'ancien journaliste Alexis Sinduhije "semble aujourd'hui dans l'oeil du cyclone", selon M. Nduwayo, qui affirme que trois militants de ce parti ont été tués dans les mêmes circonstances en moins de deux semaines.

Le secrétaire général et porte-parole du gouvernement burundais, Philippe Nzobonariba, a rejeté devant la presse les accusations de l'OAG, accusant l'organisation de se faire le porte-voix de l'ADC-Ikibiri, l'Alliance démocratique pour le changement qui regroupe les principaux partis d'opposition.

"L'OAG reprend sans preuves à l'appui des accusations qu'il a tirées d'un mémorandum de l'ADC-Ikibiri, sans apporter de preuves que les 300 personnes tuées sont des membres des FNL", a-t-il déclaré.

les exécutions se multiplient

"Le gouvernement ne va pas polémiquer avec l'OAG (...) mais il constate que cette organisation vole au secours de l'ADC-Ikibiri pour enfoncer le gouvernement", a insisté le porte-parole.

Le gouvernement burundais avait créé en novembre 2010 une commission d'enquête sur plusieurs cas d'exécutions extra-judiciaires rapportés par le Bureau des Nations unies au Burundi (Bnub).

La commission n'a pas encore rendu son rapport, malgré les nombreuses pressions de la communauté internationale sur le pouvoir.

Les exécutions extra-judiciaires se sont multipliées au Burundi depuis les dernières élections générales au Burundi (juin et juillet 2010), boycottées par l'opposition et remportées par le parti du président Pierre Nkurunziza.

Mardi, la Commission nationale indépendante des droits de l'homme (CNIDH) a appelé lors d'une conférence de presse à mettre fin à ces exécutions extra-judiciaires, après avoir dénoncé le cas d'un membre du MSD, Léandre Bukuru, enlevé par des hommes en tenue policière puis retrouvé décapité il y a une semaine dans le centre du Burundi.

Le gouvernement burundais est confronté depuis bientôt un an à une vague d'attaques attribuées officiellement à des "bandits armés".Pour la population, ces attaques sont le fait d'une rébellion naissante en train de se constituer.

Lundi, 18 rebelles présumés ont été tués lors d'affrontements avec les forces de l'ordre dans la province de Cankuzo (est), selon le gouverneur de cette province.

Dans la nuit du 18 au 19 septembre, des inconnus lourdement armés et en uniformes avaient attaqué un bar d'une localité proche de Bujumbura et tué au moins 36 personnes.

La multiplication de ces violences, attaques meurtrières et autres exécutions sommaires, fait craindre à de nombreux observateurs une reprise des hostilités à plus grande échelle dans ce pays marqué par une longue guerre civile qui a fait près de 300.000 morts entre 1993 et 2006.

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