Des milliers d'Egyptiens manifestaient toujours mercredi au Caire pour réclamer le départ des militaires qui dirigent le pays, malgré la promesse du chef de l'armée d'organiser une élection présidentielle mi-2012 pour un retour au pouvoir civil.
Le maréchal Hussein Tantaoui, chef d'Etat de fait, s'est engagé dans un rare discours la veille à organiser une élection présidentielle avant fin juin 2012 et s'est même dit prêt à remettre le pouvoir immédiatement si un éventuel référendum en décidait ainsi.
Mais après quatre jours d'affrontements entre manifestants et police qui ont fait 30 morts dans toute l'Egypte et provoqué la démission du gouvernement mis en place par l'armée, beaucoup d'Egyptiens ayant manifesté par dizaines de milliers mardi sont restés toute la nuit à Tahrir pour exprimer leur refus.
Ils disent ne pas croire un mot des paroles du maréchal, ministre de la Défense sous l'ancien régime et qu'ils assimilent désormais à son ancien mentor, Hosni Moubarak, chassé en février dernier.
"Il est désormais clair que celui qui écrivait les discours du président déchu Moubarak est le même que celui qui écrit les discours de monsieur le maréchal", ironise le "mouvement des Jeunes du 6 avril" dans un communiqué.
"Tantaoui, c'est Moubarak copié collé.C'est Moubarak en tenue militaire", assure un manifestant, Ahmed Mamdouh, un comptable de 35 ans.
Lors du soulèvement historique qui a renversé l'ex-président en février, la foule avait occupé en permanence l'emblématique place Tahrir, dans le centre de la capitale, réclamant inlassablement le départ de celui qui a régné pendant trente ans sur l'Egypte.
Chaque discours de M. Moubarak attisait davantage la colère des manifestants jusqu'à ce qu'il se voit vu obligé de quitter le pouvoir le 11 février.
La détermination de la rue, qui a déjà provoqué la démission du gouvernement mis en place par le pouvoir militaire, laisse présager un bras de fer de longue durée, alors que les premières législatives depuis la chute de M. Moubarak doivent débuter dans cinq jours, le 28 novembre.
"Une deuxième révolution", titrait mercredi le quotidien gouvernemental Al Akhbar, tandis qu'Al Ahram notait: "plus la période de transition se prolonge, plus la crise de confiance s'approfondit entre les deux parties".
"Le conseil (militaire) est le problème et pas la solution", avançait dans un éditorial le quotidien indépendant Al Masri al Yom.
Les manifestations ont non seulement secoué le centre du Caire mais plusieurs villes du pays, avec des affrontements notamment à Alexandrie et Port-Saïd (nord), Suez, Qena (centre), Assiout et Aswane (sud) ainsi que dans la province de Daqahliya, dans le delta du Nil.
Ce contexte de crise fait craindre que les premières législatives depuis la chute de Hosni Moubarak prévues dans quelques jours ne soient émaillées de violences.Le maréchal Tantaoui a assuré qu'elles débuteraient à la date prévue, le 28 novembre.
Le chef de l'armée a aussi accepté la démission du gouvernement du Premier ministre Essam Charaf, nommé par le conseil militaire en mars pour gérer les affaires courantes, sans toutefois annoncer le nom du prochain Premier ministre.
Ces annonces ont été faites à l'issue d'une réunion du Conseil suprême des forces armées (CSFA) avec plusieurs mouvements politiques, dont les influents Frères musulmans, pour chercher une issue à la crise.
Le CSFA a évoqué durant cette réunion la possibilité de nommer l'ancien chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Mohamed ElBaradei, comme nouveau Premier ministre, a affirmé à l'AFP une source militaire, mais cette hypothèse n'a pas été confirmée.
M. ElBaradei a quant à lui dénoncé un "massacre" sur la place Tahrir, en accusant les forces de sécurité d'utiliser "du gaz lacrymogène contenant des agents innervants".
Les Frères musulmans, qui représentent la force politique la mieux organisée du pays, ont boycotté la manifestation de Tahrir mardi et appelé au calme, soucieux de voir le scrutin, pour lequel ils s'estiment en position de force, débuter comme prévu lundi.
Les Etats-Unis ont eux condamné "l'usage excessif de la force" par la police et demandé au gouvernement de protéger le droit de manifester, tandis que trois Américains ont été arrêtés "en relation avec les manifestations", selon le département d'Etat.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.