Des milliers d'Egyptiens se rassemblaient vendredi sur la place Tahrir au Caire pour une manifestation dite de "la dernière chance" réclamant une fois de plus le départ immédiat du pouvoir militaire.
Dans le même temps, la Maison Blanche a exhorté à un retour rapide à une gouvernance civile en Egypte, où de violents affrontements entre manifestants et forces de l'ordre ont fait 41 morts au cours des derniers jours.
"Nous croyons, et cela est très important, que le transfert complet de pouvoir à un gouvernement civil doit avoir lieu de manière juste et sans exclusive, qui réponde aux aspirations légitimes du peuple égyptien, dès que possible", a indiqué Jay Carney, porte-parole de la Maison Blanche, dans un communiqué.
Après une semaine d'occupation de la place Tahrir par des dizaines de milliers de manifestants, le quotidien gouvernemental Al-Ahram titrait en une "Le vendredi de la dernière chance...la stabilité ou le chaos".
A trois jours des premières élections législatives depuis la chute le 11 février du président Hosni Moubarak, un autre quotidien gouvernemental, Al-Akhbar, affirmait qu'il s'agissait du "vendredi du tournant" dans un pays où le gouvernement, démissionnaire depuis lundi, n'a toujours pas été remplacé.
Jeudi soir le nom de Kamal el-Ganzouri, ancien Premier ministre sous Moubarak, a toutefois été avancé par plusieurs télévisions privées, mais cette nomination n'a pas été officiellement confirmée et selon d'autres médias, les consultations se poursuivaient.
Sur leur page Facebook, plusieurs mouvements pro-démocratie ont de leur côté proposé une liste de noms pour la constitution d'un gouvernement de salut national.
Ils font notamment mention de Mohamed ElBaradei, ancien chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) qui vise la présidence, ainsi qu'Amr Moussa, ancien chef de la Ligue arabe et lui aussi potentiel président.
Un autre groupe pro-démocratie, celui des jeunes du 6-Avril, a estimé que le Conseil suprême des forces armées (CSFA) au pouvoir depuis le 11 février "a prouvé que la mission (de gouverner) était trop lourde à assumer pour lui", et rappelé que "c'est la place Tahrir qui a renversé le plus grand tyran du Moyen-Orient".
L'armée a toutefois écarté une nouvelle fois l'hypothèse d'un départ immédiat du pouvoir, des hauts responsables militaires assurant que cela reviendrait à "trahir le peuple".
"Le peuple nous a confié une mission et si nous y renonçons maintenant cela voudrait dire que nous trahissons le peuple", a déclaré jeudi le général Moukhtar el-Moullah.
L'armée a annoncé mardi une présidentielle avant la fin juin 2012, par laquelle elle doit remettre le pouvoir exécutif à un chef d'Etat élu.
Les militaires ont également confirmé que les élections législatives se tiendraient bien à partir de lundi, malgré les craintes qu'elles ne soient affectées par la crise actuelle, la plus grave à laquelle l'armée fait face depuis février.
Des affrontements ont été signalés au cours des derniers jours notamment dans les villes de Port-Saïd (nord), Suez, Qena (centre), Assiout, Assouan (sud) et à Marsa Matrouh (ouest).
Outre le retour à une gouvernance civile, les manifestants ont également placé ce vendredi sous le slogan "le droit des martyrs", pour exiger la poursuite des responsables de la mort de 41 personnes décédées lors des heurts en marge des rassemblements à travers le pays, dont 36 au Caire.
Une autre manifestation, en soutien au conseil militaire, est elle aussi prévue vendredi au Caire, dans un autre quartier de la capitale.
Au lendemain de l'accord jeudi entre manifestants et forces de l'ordre pour faire cesser les violences à Tahrir, le calme régnait vendredi sur la place.
La police a muré la rue Mohamed Mahmoud, menant au ministère de l'Intérieur et théâtre des heurts les plus violents, a constaté un journaliste de l'AFP.
Plusieurs figures politiques devraient faire le déplacement et participer au rassemblement place Tahrir, notamment M. ElBaradei.
Par ailleurs, Reporters sans frontières a déconseillé aux médias internationaux d'envoyer en Egypte des femmes journalistes, après une série d'agressions sexuelles.
Une journaliste de la chaîne France 3 a déclaré avoir été violemment frappée et victime d'une agression sexuelle de la part d'hommes en civil jeudi au Caire, après qu'une journaliste égypto-américaine a fait état de violences sexuelles de la part de policiers.
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