Procès des pirates somaliens: ils demandent pardon, la cour délibère

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PARIS (AFP) - (AFP)

Les six pirates somaliens jugés à Paris pour la prise d'otages du voilier Carré d'As en 2008 ont demandé pardon à leurs deux victimes françaises, qui sont venues leur serrer la main, et sollicité la clémence de la justice française, à l'issue mercredi de leur procès.

La cour d'assises s'est ensuite retirée pour délibérer.Le verdict est attendu en fin de journée.

L'accusation a requis des peines de 6 à 16 ans de prison ferme contre les six hommes, poursuivis pour avoir arraisonné le 2 septembre 2008 dans le golfe d'Aden le voilier Carré d'As et retenu en otages durant deux semaines ses deux occupants, un couple de Français, Jean-Yves et Bernadette Delanne.

Une rançon de deux millions de dollars était réclamée mais n'a jamais été versée: l'aventure des pirates s'était achevée dans la nuit du 15 au 16 septembre 2008 avec un assaut des forces spéciales françaises.

Les époux Delanne avaient été libérés sains et sauf, un pirate tué et six capturés puis amenés en France.

"Je demande à M. et Mme Delanne de me pardonner pour le tort que je leur ai causé", a déclaré un des pirates, Cheik Nour, alors que la parole était donnée une dernière fois aux accusés.

"Je leur souhaite une bonne et longue vie", a également dit Yacoub, en espérant que "la sentence sera la plus clémente possible".Un autre a assuré qu'il "ne recommencerait pas", un quatrième demandé que la cour tienne compte de sa situation de père de six enfants.

Le plus jeune d'entre eux, Youssouf, mineur au moment des faits, a souhaité que lui soit donnée "l'opportunité de refaire sa vie en France"."Merci", a-t-il dit en français, tout en souhaitant serrer la main aux époux Delanne.

A la fin de l'audience, Jean-Yves Delanne, 63 ans, vieux loup de mer surnommé "Capitaine Haddock", et son épouse Bernadette, qui résident en Polynésie, se sont levés.Ils sont allés vers le box et ont salué les six hommes."Bon courage", leur a dit Mme Delanne.

Dès leur première déposition, les époux Delanne avaient étonné par leur humanité à l'égard de ces six jeunes pirates qui, selon leurs déclarations, ne leur avaient jamais manqué de respect.Jean-Yves Delanne avait lui-même déclaré qu'avant de "dire du mal" d'eux, il aurait souhaité leur serrer la main.

Les anciens otages n'en ont pas moins expliqué sans détour les faits, les rôles des uns et des autres, les situations, la peur de Mme Delanne et les "coups de gueule" de son mari.

Un seul des six hommes a pu établir qu'il était effectivement un pêcheur, qui s'était retrouvé pour la première fois sur le voilier la veille de l'assaut français.Les dires d'un autre se présentant comme otage des pirates qui auraient réquisitionné son bateau n'ont en revanche guère convaincu.

Les quatre autres ont tous admis leur participation à l'opération, expliquant qu'ils avaient besoin d'argent et niant avoir eu un quelconque rôle de "chef".

Le commanditaire de la prise d'otages avait été identifié dans la personne d'un certain "Shiré", décrit comme "gros, gras, couvert de bijoux".Mais lui n'a pas été arrêté.

Au début du procès, entamé le 15 novembre, les échanges étaient surréalistes entre la cour et ces six hommes tassés sur le banc des accusés, qui ne parlaient pas un mot de français il y a trois ans, et ne savaient même pas où ils étaient.

Au fil des jours, magistrats et jurés ont découvert la Somalie, pays en guerre depuis 20 ans, où pullulent kalachnikov et lance-roquettes et où l'Etat n'existe plus.

Ce procès de la piraterie somalienne est le premier organisé en France.L'affaire du Ponant, trois-mâts capturé quelques mois avant le Carré d'As, sera jugée en mai prochain.

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