Le nouveau Premier ministre égyptien, Kamal el-Ganzouri, espère que le gouvernement qu'il est en train de former pourra être investi d'ici à mercredi, dans des déclarations rapportées par l'agence officielle Mena dans la nuit de samedi à dimanche.
M. Ganzouri "espère achever les consultations pour la composition du gouvernement dimanche" et il "exprime l'espoir que la prestation de serment aura lieu d'ici mercredi" devant le chef du Conseil militaire au pouvoir, le maréchal Hussein Tantaoui, écrit la Mena.
La formation du gouvernement, attendue mercredi ou jeudi derniers, a été "retardée en raison de changements dans les nominations", selon l'agence.
M. Ganzouri, 78 ans, a déjà été de 1996 à 1999 Premier ministre sous Hosni Moubarak, chassé le 11 février par une révolte populaire.
Il a été nommé le 25 novembre Premier ministre par l'armée au pouvoir pour remplacer Essam Charaf, qui avait démissionné à la suite des affrontements meurtriers qui ont opposé forces de l'ordre et manifestants en marge de rassemblements hostiles au pouvoir militaire.
M. Ganzouri avait fait savoir vendredi que son équipe comprendrait une dizaine au moins de membres du gouvernement démissionnaire.
Cette crise gouvernementale survient alors que le pays est engagé dans des élections législatives dont les résultats partiels du premier tour ont confirmé samedi les bons scores des islamistes, en tête desquels les Frères musulmans qui ont pris soin de se démarquer des fondamentalistes salafistes.
"Nous représentons un islam 'centriste' et modéré, nous n'imposons rien par la force", a déclaré Mahmoud Ghozlane, porte-parole des Frères musulmans, dont le parti Liberté et Justice (PLJ) est crédité d'environ 40% des voix sur la base de résultats provisoires.
Il a appelé "à ne pas mettre tous les islamistes dans le même panier", en référence aux salafistes du parti Al-Nour, qui, avec d'autres formations fondamentalistes, pourraient avoir entre 20 et 30% des voix.
Forts de leur percée dans les urnes, les salafistes ont multiplié les déclarations favorables à l'instauration d'un islam rigoriste.
Le dirigeant salafiste Abdel Monem Chahat a assuré que les romans de l'écrivain égyptien et prix Nobel de littérature Naguib Mahfouz "encourageaient le vice car ils portent sur la prostitution et la drogue".
Une autre personnalité de ce courant, Hazem Abou Ismaïl, a estimé qu'il fallait "créer un climat pour faciliter" le port du voile, et dit que s'il était élu président, il "ne permettrait pas à un homme et à une femme de s'asseoir ensemble dans un lieu public".
Ces prises de position ont provoqué de vives réactions, en particulier sur les réseaux sociaux comme twitter."Hazem Abou Ismaïl est un clown", tweetait un internaute."C'est parti pour qu'on devienne un nouvel Afghanistan!" lançait un autre.
Le chef de la commission électorale, Abdel Moez Ibrahim, a annoncé vendredi soir un taux de participation de 62%, d'une ampleur "jamais vue depuis les pharaons", mais n'a une nouvelle fois pas été en mesure de donner les résultats complets par partis pour ce vote qui s'est déroulé lundi et mardi.
Les bribes de résultats rapportées par la presse et les différentes formations ont toutefois continué de confirmer les scores élevés des islamistes et la déroute du camp laïque et libéral.
Le Hamas palestinien, qui contrôle la bande de Gaza, s'est réjoui de cette percée des islamistes."C'est un très bon résultat, cela signifie un soutien de plus en plus important aux questions palestiniennes", a dit son porte-parole.
Mais l'ambiance était morose place Tahrir au Caire, occupée depuis deux semaines par des militants qui veulent maintenir la flamme de la révolte du début de l'année.
"Tous ceux à qui nous avons fait confiance nous ont trahis", affirme Mohamed el-Assas, 25 ans, l'un d'eux.
Le vote concerne un tiers des gouvernorats égyptiens, dont ceux du Caire et d'Alexandrie, les deux plus grandes villes.Un second tour est prévu lundi et mardi.
Les députés des autres gouvernorats seront élus d'ici au 11 janvier, puis viendra l'élection de la Choura (sénat), jusqu'au 11 mars.
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