L'Europe va recentrer son aide au développement sur les pays les plus pauvres au détriment de 19 pays émergents comme la Chine, le Brésil ou l'Inde, qui ne bénéficieront plus à l'avenir de ses fonds de lutte contre la pauvreté et avec lesquels elle entend traiter d'égal à égal.
C'est "une évolution dans nos relations avec les pays émergents et un ciblage de l'aide sur les pays les plus pauvres", a déclaré le commissaire européen au Développement, Andris Piebalgs.
A partir du nouveau budget pluriannuel européen (2014-2020), 19 pays à revenu intermédiaire ne seront plus éligibles aux fonds d'aide au développement européens (au moins 57,5 milliards d'euros) : Argentine, Brésil, Chili, Chine, Colombie, Costa Rica, �?quateur, Kazakhstan, Iran, Malaisie, Maldives, Mexique, Panama, Pérou, Thaïlande, Venezuela, Uruguay, Inde et Indonésie.
L'Inde a pu compter par le passé (2007-2013) sur quelque 470 millions d'euros d'aide européenne, la Chine sur environ 170 millions ou le Brésil sur 61 millions d'euros.
S'ils ne toucheront plus d'aide au développement, ces pays pourront continuer de bénéficier du budget des "partenariats" (1,131 milliard d'euros) thématiques ou régionaux, par exemple sur le climat, les échanges de scientifiques ou le commerce.
"Bien sûr, il reste des poches de pauvreté en Chine", a reconnu M. Piebalgs au cours d'un point de presse.Mais "la valeur ajoutée" de l'aide européenne au développement y est bien moindre que dans des pays comme le Mali ou la Côte d'Ivoire, s'est-il justifié.
Face à la Chine, il vaut mieux selon lui adopter "une approche qui profite aux deux parties, d'égal à égal".
"Nous allons nous concentrer là où notre aide aura l'impact maximal", a-t-il expliqué: dans les pays les plus pauvres, en mettant l'accent sur une croissance durable, la bonne gouvernance et les droits de l'homme.
Bruxelles propose plus généralement une augmentation de 17% (en prix courants 2011) des dépenses au titre de l'action extérieure de l'UE à 96,25 milliards d'euros pour 2014-2020.Outre le développement, elle inclut notamment les aides aux pays candidats à l'UE, aux pays de son voisinage immédiat, ou à la coopération en matière de sûreté nucléaire.
Ces propositions seront soumises aux gouvernements et au Parlement européen en 2012.Or la bataille s'annonce rude, car beaucoup d'Etats veulent limiter au maximum l'évolution des dépenses européennes.
"L'UE est le premier donateur dans le monde et nous devons rester en tête dans la lutte contre la pauvreté", a plaidé M. Piebalgs.Avec ces propositions, l'UE pourra remplir son engagement de l'UE de consacrer 0,7% de son PNB à l'aide d'ici à 2015, a-t-il assuré.
Bruxelles propose également de consacrer 18,182 milliards d'euros (+23%) à l'aide aux pays voisins de l'UE, afin d'aider en particulier les pays du rivage sud de la Méditerranée à accomplir leur transition vers la démocratie dans la foulée du printemps arabe.
"La paix, la prospérité, et une démocratisation durable de notre voisinage sont de plus en plus importants pour la sécurité de l'UE et de ses citoyens", s'est justifié le commissaire chargé de cette politique, Stefan Füle.
Dans l'ensemble, les propositions sont saluées par les ONG, qui appellent les Etats à accepter d'augmenter les fonds alloués au développement en ces temps de crise."Ce serait le pire moment pour l'UE de réduire son aide", juge Alexander Woollcombe, de ONE.
Mais attention à ne pas trop se fier à des données macroéconomiques "qui cachent la réalité de la pauvreté et des inégalités au sein des pays", juge Sarah Kristine Johansen, de la plateforme d'ONG Concord.
"Il est problématique de concentrer l'aide sur les pays les plus pauvres plutôt que sur les populations les plus pauvres", renchérit Laura Sullivan, d'ActionAid.
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