La campagne pour l'élection des 120 députés de l'Assemblée nationale gabonaise prenait fin vendredi à minuit, à la veille d'un scrutin où la victoire semble promise au parti du président Ali Bongo à la tête du pays depuis 2009.
Face à une opposition divisée sur un boycottage des législatives, le Parti démocratique gabonais (PDG au pouvoir) du président Bongo part favori.
Depuis 1996, "les scrutins n'ont pas pu faire émerger une opposition suffisamment forte peut-être parce qu'elle n'était pas bien organisée, mais peut-être aussi parce que le parti au pouvoir n'a pas voulu qu'il y ait une alternance au niveau présidentiel comme parlementaire", analyse le professeur à l'université Omar Bongo de Libreville Wilson Ndombet.
Le PDG, qui dispose aujourd'hui avec ses alliés de 98 des 120 sièges, devrait s'offrir une confortable majorité absolue, alors que le réel enjeu de cette première élection parlementaire depuis la mort d'Omar Bongo en juin 2009 après 41 ans de pouvoir sera la participation et le bon déroulement du scrutin, auquel une partie de l'opposition a promis de s'opposer, dénonçant l'absence du recours à la biométrie contre la fraude.
"Pas de biométrie, pas de transparence, pas d'élection (...) Moi je n'irai pas à cette élection, et vous non plus", avait déclaré fin novembre Jean Eyéghe Ndong, ex-Premier ministre et membre de l'opposition.Avant lui, treize partis de l'opposition et la plateforme de la société civile "Ca suffit comme ça" avaient eux aussi appelé "le peuple gabonais à s'opposer et à empêcher l'organisation des élections".
Dans les rues de Libreville, le scrutin de samedi semble susciter peu d'engouement.
Une élection dans l'indifférence
"Moi, je suis découragé comme la majorité des Gabonais.Ca n'intéresse pas vraiment, on a été découragés avec la présidentielle, ça ne s'est pas franchement joué aux urnes.Moi, je ne suis pas inscrit, et les législatives, ça ne m'intéresse pas, on n'est pas concernés.L'opposition n'existe presque plus, le PDG fera un tabac", explique Felix Allogo, un chef d'entreprise gabonais de 31 ans.
"Les élections ne seront pas crédibles, si elles ont lieu.Je crois que la participation ne dépassera pas les 20%.Ca ne vaut rien!Les gens n'iront pas.Quelle crédibilité (peut-on) accorder à une élection où il n'y aura pas d'opposition?", avait affirmé début décembre le principal opposant gabonais André Mba Obame, actuellement en convalescence en Afrique du Sud, dont la formation politique, l'Union nationale (UN) a été dissoute en janvier 2010 par les autorités.
"Même quand vous voyez des grands meetings du PDG, les trois quarts des gens qui sont là ne sont pas des électeurs, ils ont été transportés là par le pouvoir", explique le candidat Fidèle Waura, secrétaire général de l'Union du peuple gabonais (UPG) dont le leader historique Pierre Mamboundou est décédé en octobre, laissant son parti divisé entre partisans du boycott et candidats.
Les "mesures habituelles de sécurisation seront mises en place", a affirmé le président de la commission électorale René Aboghe Ella.
"Les débits de boisson seront fermés aujourd'hui à 22H00 jusqu'à demain à minuit, même chose pour les frontières terrestres et maritimes qui seront fermées ce vendredi à minuit à demain minuit", a pour sa part déclaré le porte parole du ministère de l'intérieur Jean-Eric Nziengui alors qu'aucune tension particulière n'a été ressentie dans la capitale gabonaise.
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