Deux personnes ont été tuées et plus de 170 blessées vendredi dans des affrontements au Caire entre manifestants hostiles au pouvoir militaire et soldats, au milieu des premières législatives de l'après-Moubarak dominées par les formations islamistes.
Il s'agit de la première poussée de fièvre importante depuis la mort de 42 personnes en novembre dans des affrontements similaires, essentiellement au Caire, juste avant le début des élections le 28 novembre.
Deux personnes ont été tuées dans les accrochages survenus aux abords du siège du gouvernement et qui se poursuivaient en milieu de soirée entre manifestants et la police militaire, a indiqué à l'AFP un responsable du ministère de la Santé sous le couvert de l'anonymat.
Le porte-parole du ministère de la Santé Hicham Chiha a fait état pour sa part de 105 blessés hospitalisés et 68 soignés sur place.
Après une série de charges menées par les militaires armés de matraques et de boucliers, les manifestants, au nombre de plusieurs centaines, bloquaient l'une des principales avenues conduisant à la place Tahrir, foyer de la mobilisation contre le président déchu Hosni Moubarak.
Ils se protégeaient avec des palissades de chantier arrachées pour s'approcher du siège du gouvernement, du haut duquel des officiers en civil leur jetaient des pierres.
Des manifestants ont été arrêtés puis relâchés après enregistrement de leur nom, a raconté l'un d'entre eux, Nour Nour, un des animateurs de la contestation et le fils d'un ex-candidat à la présidentielle, Ayman Nour.
Les accrochages avaient commencé très tôt dans la matinée, après qu'un manifestant en sang eut raconté avoir été arrêté et frappé par des soldats, provoquant la colère de ses camarades, selon des témoins.
Des manifestants ont scandé des slogans hostiles au Conseil suprême des forces armées (CSFA), qui dirige le pays depuis la chute du régime Moubarak en février, et au maréchal Hussein Tantaoui, chef d'Etat de fait.
"Le peuple veut l'exécution du maréchal", "A bas le Conseil militaire", et "Rentrez dans vos casernes", ont-ils crié.
Les manifestants campent depuis le 25 novembre devant le siège du gouvernement pour protester contre la nomination de Kamal el-Ganzouri, un ancien Premier ministre de M. Moubarak, pour diriger le gouvernement.
Ils réclament aussi le transfert immédiat du pouvoir du CSFA à une autorité civile.
"Même si le sit-in était illégal, doit-il être dispersé d'une manière aussi sauvage et brutale, qui constitue une plus grande violation de la loi et de l'humanité ?" s'est indigné Mohamed ElBaradei, candidat potentiel à la présidentielle, sur son compte twitter.
Le parti de la Liberté et de la Justice (PLJ), issu des Frères musulmans, en tête du scrutin, a condamné dans un communiqué "l'agression contre les manifestants et la tentative de les disperser", appelant l'armée à assurer leur protection.
Les formations islamistes ont engrangé de nouveaux succès lors de la deuxième phase des législatives, organisée mercredi et jeudi dans un tiers du pays, selon des indications préliminaires, en l'attente de résultats officiels.
Le quotidien gouvernemental Al-Ahram voit le PLJ et le parti Al-Nour (La Lumière), première formation des fondamentalistes salafistes, au coude à coude, sans donner de chiffre précis.
Le PLJ a pour sa part affirmé être en tête à Sohag (centre) et Guizeh, dans l'ouest du Caire, mais arriver derrière Al-Nour à Suez (est), avec 25% des voix contre 45% aux salafistes.
Le PLJ et Al-Nour avaient recueilli respectivement 36 et 24% des voix lors de la première phase, les islamistes remportant dans leur ensemble 65% des suffrages.
La principale alliance de partis libéraux, le Bloc égyptien, devrait être encore plus sévèrement laminée que lors de la première phase, lors de laquelle elle avait recueilli quelque 13% des voix, prévoit Al-Ahram.
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