Tunisie: le chef du gouvernement présente son équipe dominée par Ennahda

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TUNIS (AFP) - (AFP)

Le chef du gouvernement tunisien Hamadi Jebali a présenté jeudi à l'Assemblée constituante la liste de son équipe dont les ministères clés vont au parti islamiste Ennahda, et exposé les priorités de son programme.

Ennahda détiendra notamment les ministères régaliens, de l'Intérieur, des Affaires étrangères et de la Justice, dans ce cabinet qui compte 41 membres dont 30 ministres et 11 secrétaires d'Etat.

Ancien prisonnier politique et membre du bureau exécutif d'Ennahda, longtemps torturé dans les géôles du ministère de l'Intérieur, Ali Laryadh, 53 ans, héritera du ministère de l'Intérieur.

"J'ai frôlé la mort à plusieurs reprises dans les geôles du ministère de l'Interieur.Mais je fais la différence entre cette période et maintenant.La révolution est venue pour avancer et instaurer une justice transitoire et non pour se venger", a-t-il dit récemment.

Noureddine Bhiri, avocat de 53 ans et actuel porte-parole d'Ennahda prendra le ministère de la Justice.Il était connu sous l'ancien régime de Ben Ali pour sa défense des prisonniers politiques.

Rafik Abdessalem, 43 ans, gendre de Rached Ghannouchi, chef d'Ennahda, aura le portefeuille des Affaires étrangères.

Le seul ministère a ne pas changer de main est celui de la Défense où l'indépendant Abdelkarim Zbidi est reconduit.

Ennahda s'est attribué également les ministères de la Santé, du Transport, de l'Enseignement supérieur, de l'Environnement, de l'Agriculture, du développement régional, de l'Investissement et de la coopération internationale ainsi qu'un nouveau ministère des Droits de l'Homme.

Le gouvernement proposé par M. Jebali comprend aussi des membres de deux partenaires de gauche d'Ennahda, le Congrès pour la République (CPR) et Ettakatol qui partageront les ministères restants à côté des indépendants comme Tarek Dhiab, le seul footballeur tunisien à gagner le trophée du ballon d'or africain en 1997 et Mehdi Mabrouk, un sociologue.

M. Jebali a énuméré également les priorités de son gouvernement dans un programme de 16 points dont la création d'emploi, la compensation des blessés et des victimes de la répression de l'ancien régime de Ben Ali.

"Nous allons mener ensemble la bataille de la création d'emploi avec tous les moyens et les ressources disponibles à travers la promotion des investissements nationaux et étrangers et l'encouragement des initiatives et des bonnes idées," a-t-il dit.

Le chef du gouvernement a exhorté les partenaires sociaux à forger un "nouveau contrat social pour cette importante étape du pays" pour encadrer les négociations sur les augmentations de salaires.

"Nous ne voyons aucun moyen dans le discours du chef du gouvernement quant à la réalisation des objectifs de son programme.Il n'a pas dit avec quel investissement et quel taux de croissance il compte réduire le chômage", a indiqué à l'AFP Issam Chebbi, un dirigeant du Parti démocrate progressiste (PDP)."Il n'y a dans son discours que des déclarations d'intention.Je suis vraiment déçu", a-t-il ajouté.

Les économistes craignent "une crise sans précédent".Les protestations revendicatives ont poussé des investisseurs étrangers à mettre fin à leurs activités dans le pays comme le groupe japonais Yazaki, un des principaux fabricants de câbles automobiles dans le monde, qui a fermé mardi une de ses usines dans le centre-ouest tunisien après une grève.

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