Trois mouvements rebelles soudanais réunis dans un "front révolutionnaire" ont assuré lundi qu'ils restaient unis après la mort du chef de l'un d'entre eux, tué par les forces gouvernementales, affirmant que leur objectif restait le renversement du régime de Khartoum.
Le Mouvement pour la justice et l'égalité (JEM), le plus militarisé des groupes rebelles du Darfour, a annoncé dimanche la mort de Khalil Ibrahim, indiquant qu'il avait été tué vendredi dans des frappes aériennes gouvernementales sur son camp.
Cette annonce était intervenue trois jours après que ce groupe a affirmé marcher sur Khartoum pour renverser le régime.
L'armée soudanaise a indiqué de son côté qu'Ibrahim avait été blessé dans des accrochages jeudi dans la région frontalière entre le Darfour et l'Etat du Kordofan-Nord, et qu'il était décédé samedi soir.
"Nous sommes très forts et nous pensons que notre alliance ne va pas mourir", a indiqué Kadia Shimallia, du groupe rebelle SPLM-Nord, (branche nord de l'ex-rébellion sudiste) dans l'Etat du Nil-Bleu, dans le sud-est du Soudan.
Il a assuré que les rebelles travailleraient ensemble pour "poursuivre cette marche sur Khartoum".
Ibrahim al-Hillu, porte-parole de l'Armée de libération du Soudan d'Abdelwahid Nour (SLA-Abdelwahid), a indiqué que son groupe se tenait "aux côtés de nos frères du JEM" et respecterait tous les accords signés avec lui.
"Nous nous unissons désormais pour lutter, jusqu'à la dernière balle, afin de remplacer ce gouvernement", a indiqué pour sa part Hussain Minnawi, un chef de la faction de l'Armée de libération du Soudan de Minni Minnawi (SLA-Minnawi).
Les rebelles disent être en lutte pour la "démocratie et les droits civils" contre un régime dominé par les Arabes, non représentatif de la diversité religieuse, ethnique et politique du pays.
Le gouvernement a signé en juillet un accord de paix à Doha avec une coalition de petites factions darfouries, mais les principaux groupes armés dans cette région, le JEM et les factions de la SLA dirigées par Minni Minnawi et Abdelwahid Nour, ne l'ont pas signé.
Le mois dernier, ces groupes rebelles darfouris ont formé, avec le SPLM-Nord, le Front révolutionnaire soudanais, dont l'objectif est une "révolte populaire et une rébellion armée" contre le gouvernement de Khartoum.
Mais Magdi Gazouli, membre du Rift Valley Institute, un groupe de recherche, estime que ce front est plus politique que militaire.
"Il n'y a pas d'opérations conjointes", même s'ils travaillent ensemble sur le plan politique, dit M. Gazouli."Ils ne pourront pas faire tomber Khartoum.C'est évident".
Leur objectif est davantage de constituer une force plus importante pour pouvoir marchander avec le gouvernement, selon lui.
Pour M. Gazouli, Ibrahim était le "moteur idéologique et organisationnel" du JEM, une force "extrêmement disciplinée".
"Sans lui, il est possible que le JEM ne puisse pas survivre en tant qu'entité" et pourrait "se désintégrer en petits groupes de bandits, présentant une menace pour le commerce intérieur et extérieur", estime l'analyste.
"S'il se fragmente, il sera très difficile de négocier avec ces gens", dit-il.
Jeudi, le JEM avait affirmé que ses troupes avaient commencé à se déplacer vers l'Est, en direction de Khartoum, pour faire tomber le régime.
Vendredi, le porte-parole de l'armée, Sawarmi Khaled Saad, avait attribué aux hommes d'Ibrahim une attaque contre des civils au Kordofan-Nord où ils auraient également pillé les propriétés de chefs locaux.
En mai 2008, plus de 200 personnes avaient été tuées lorsque des rebelles du JEM avaient traversé plus de 1.000 km de désert pour attaquer Omdurman, à la périphérie de Khartoum.
Au moins 300.000 personnes ont été tuées et 1,8 million déplacées depuis le début en 2003 de la guerre au Darfour, selon une estimation des Nations unies.
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