L'armée de Guinée-Bissau restée loyale au gouvernement recherchait des suspects de l'attaque de la veille, qualifiée par le gouvernement de "tentative de coup d'Etat", une traque marquée mardi par au moins deux morts et trois blessés.
Les opérations de recherche, menées par des équipes mixtes de militaires, policiers et paramilitaires, concernent des militaires mutinés qui se sont enfuis avec des armes ainsi que des responsables politiques, dont des députés du parti au pouvoir, selon des sources militaires de ce pays de quelque 1,5 million d'habitants.
Un membre des forces de sécurité a été tué et trois ont été blessés dans la nuit de lundi à mardi à Bissau dans des échanges de tirs avec des présumés suspects armés, selon les mêmes sources.Et mardi soir, un commandant de police a été abattu devant un commissariat de Bissau.Selon un témoin, il entendait se rendre aux autorités qui, d'après une source policière, le recherchaient "activement depuis lundi" en tant que suspect.
"Il y aura des enquêtes, et ceux épinglés par les résultats (de ces investigations) seront traduits en justice", avait auparavant assuré le ministre des Affaires étrangères, Mamadu Djalo Pires, aux diplomates accrédités à Bissau à propos de ces évènements, qui sont survenus en l'absence du pays du chef de l'Etat Malam Bacaï Sanha, actuellement soigné en France.
La chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, s'est déclarée mardi "profondément préoccupée" par ces violences en Guinée-Bissau, et a appelé à traduire en justice leurs auteurs "dans le strict respect des procédures et du droit".
Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a aussi condamné les violences, et exhorté Bissau à mener une enquête "conforme à la procédure régulière".
Dès lundi, l'armée avait annoncé l'arrestation de plusieurs officiers, dont le chef de la Marine, le contre-amiral José Américo Bubo Na Tchuto, "considéré comme le cerveau de ce soulèvement" et conduit à Mansoa, ville garnison à 60 km au nord de Bissau.
Ce contre-amiral est une personnalité controversée.Il a dans le passé été accusé -puis blanchi- de tentative de putsch contre le régime du président Joao Bernardo Vieira, assassiné en mars 2009 par des militaires.
Son nom a aussi souvent été cité dans les enquêtes sur le trafic de drogue dans cette ancienne colonie portugaise devenue zone de transit de narcotrafiquants et en proie depuis son indépendance, en 1974, à une instabilité chronique, avec des coups d'Etat récurrents -avortés ou réussis- et des violences où l'armée joue un rôle prépondérant.
"Un véritable arsenal"
Longtemps réputé proche du chef de l'armée, le général Antonio Indjai, le contre-amiral était engagé depuis quelques mois dans une rivalité avec son patron, d'après la presse locale.Certains observateurs voient dans ces derniers évènements un règlement de comptes entre les deux officiers par hommes interposés.
Parmi les suspects traqués, figurent des députés et ex-ministres membres du Parti africain pour l'indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert (PAIGC), tous réputés opposés au Premier ministre Carlos Gomes Junior.
Deux des députés recherchés, Francisco Conduto De Pina et Roberto Cacheu, avaient été localisés dans un quartier du sud de Bissau, mais "ont profité des échanges de tirs pour disparaître dans la nature", a expliqué un officier.
Le domicile de M. Cacheu, situé dans le quartier d'Antula (sud de la capitale), visé par les forces de sécurité, présentait mardi des impacts de roquettes et des murs calcinés, selon un journaliste de l'AFP.
Ce site a été ciblé "parce que certains mutins s'y étaient retranchés", a expliqué à la presse le ministre de l'Intérieur, Fernando Gomes, après une visite des lieux.
"Ils (les mutins) ont ouvert le feu sur un de nos soldats quand ce dernier a franchi le portail.Ses camarades ont riposté, il y a eu beaucoup d'explosions à cause des grenades et autres munitions entreposées dans la maison", qui était "un véritable arsenal", a affirmé le ministre de l'Intérieur.
Aucun officiel et aucun militaire n'ont communiqué de bilan sur l'attaque de lundi, qui a visé le siège de l'état-major et deux unités de l'armée à Bissau, et sur la répression de cet assaut.Un journaliste de l'AFP a vu lundi soir un militaire avec une blessure à la tête admis dans un hôpital de la capitale.
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