Vingt-cinq militaires bissau-guinéens, dont le chef de la Marine José Américo Bubo Na Tchuto, détenus pour leur implication présumée dans l'attaque du 26 décembre contre l'armée de leur pays, ont été présentés jeudi à la presse à Mansoa et Bissau, a constaté un journaliste de l'AFP.
Il s'agit d'officiers et d'hommes de troupe, dont la plupart servaient dans la Marine, selon des sources militaires qui ont précisé à l'AFP qu'aucun civil n'avait été arrêté pour cette attaque.C'est la première fois qu'un chiffre est communiqué pour les arrestations depuis l'assaut, qualifié de "tentative de coup d'Etat" par le gouvernement.
La visite aux prisonniers a été organisée par la Ligue bissau-guinéenne des droits de l'homme et une coalition de 30 ONG de la société civile.Elle était encadrée par des militaires armés.
Le contre-amiral Bubo Na Tchuto est détenu à Mansoa (60 km au nord de la capitale), les 24 autres sont répartis dans quatre cellules dans une base aérienne à Bissau.A ces 25 détenus présentés à la presse, s'ajoute au moins un officier, le général Watna Na Lai, blessé et admis à l'hôpital.Il demeurait hospitalisé jeudi.
Le chef de la Marine, dont l'arrestation avait été annoncée par l'armée le 26 décembre, était en tenue de sport, et ne présentait aucune blessure apparente.Il a affirmé aux responsables d'ONG avoir "encore le moral" mais s'est plaint de ses conditions de détention, dans un bureau de la garnison de Mansoa transformé en cellule d'une vingtaine de mètres carrés.
"Depuis que je suis ici, je n'ai pas encore rencontré mon médecin.Et je souffre d'hypertension.De plus, il y a quatre jours que je suis ici, je n'ai vu aucun membre de ma famille, ni même mon épouse.(...) Quand elle m'envoie des repas, je ne les reçois jamais", a-t-il dit.
A Bissau, les journalistes ont vu 24 autres détenus à la base aérienne de Bissalanca, un quartier dans le nord de Bissau, proche de l'aéroport.La presse n'a pas été autorisée à leur parler.Selon leurs témoignages rapportés par des responsables de la société civile qui se sont entretenus avec eux à huis clos, ils se sont également plaints de leurs conditions de détention "dans des cellules très petites, mal éclairées, avec des toilettes très sales, sans eau courante".
"Nous allons en informer les autorités militaires pour que leurs conditions de détention soient améliorées.(...) Dès demain (vendredi), je discuterai avec le chef d'état-major général Antonio Indjai de l'envoi d'un médecin auprès du contre-amiral Bubo Na Tchuto", a déclaré à la presse Luis Vaz Martins, responsable d'une des ONG ayant organisé la visite.
"Aucun d'entre eux (les prisonniers) n'a encore été présenté devant un juge d'instruction" militaire, "certains ont des blessures légères, généralement des contusions, reçues pendant leur arrestation, ils ne sont pas blessés par balle, mais par des coups de crosse", a précisé M. Vaz Martins.
Le journaliste de l'AFP a vu parmi les prisonniers de Bissau un des deux militaires - un sergent et un caporal - qui avaient été conduits par l'armée jeudi matin de leur cellule à leurs domiciles dans un quartier du nord de la capitale pour des perquisitions.
Cette fouille a abouti à la saisie de nombreuses armes et munitions: 30 kalachnikovs, trois lance-roquettes, une mitrailleuse, six caisses d'obus, trois caisses de lance-flammes, huit gilets pare-balles et de nombreuses munitions, dont des balles pour fusils d'assaut, ont été récupérés et transportés à l'état-major.
Ex-colonie portugaise, la Guinée-Bissau est confrontée depuis son indépendance, en 1974, à des violences récurrentes dans lesquelles les soldats sont des acteurs importants.
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