Un mois et demi après l'enlèvement au Mali de cinq Européens, dont deux Français, par l'organisation clandestine Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), cette mouvance active au Sahel a menacé de tuer ses otages, si la France et ses alliés tentaient une opération militaire pour les libérer.
"Selon des informations qui nous sont parvenues récemment, l'alliance des croisés menée par la France, qui soutient certains régimes comme l'Algérie et la Mauritanie, prépare une opération militaire imminente pour libérer les otages détenus par l'organisation", indique Aqmi.
"Nous adressons un avertissement à la France, le Royaume-Uni, la Hollande et la Suède: s'ils autorisent cette opération, cela signifie la mort de leurs ressortissants et une atteinte à leur vie, dont ils ont la responsabilité", poursuit-il.
Cet avertissement, sous forme de message électronique adressé au bureau de l'AFP à Rabat, intervient trois semaines après la décision du Mali et de l'Algérie de renforcer leur coopération militaire pour lutter contre Aqmi.
Il fait suite aussi à des informations de sources militaires et diplomatiques à Bamako évoquant la présence de militaires algériens dans le nord du Mali pour "apporter assistance" à l'armée malienne dans la lutte "contre l'insécurité et le terrorisme".
Aqmi ne précise pas si les otages se trouvent toujours au Mali, un des pays du Sahel confronté à une insécurité croissante liée aux activités de cette organisation et d'autres groupes criminels, ainsi qu'à l'afflux d'armes, dont de l'armement lourd, provenant du conflit libyen.
Le communiqué en arabe a été aussi publié par l'ANI, une agence de presse mauritanienne en ligne qui a régulièrement publié par le passé des déclarations d'Al-Qaïda au Maghreb Islamique sans avoir jamais été démentie.
Aqmi dit cependant ne pas souhaiter une telle issue."Nous cherchons une solution pacifique à ce problème des otages", ajoute-t-il sans plus de précision.
Cette organisation a déjà revendiqué l'enlèvement fin novembre dernier au Mali de deux Français et de trois Européens.
Il s'agit, selon elle, de "deux français, travaillant pour les services de renseignement de la France, Philippe Verdon et Serge Lazarevic, ainsi que celui de trois Européens".
Par la suite, l'Aqmi a fait publier le 9 décembre 2011 deux photos, l'une montrant les deux Français, enlevés le 24 novembre à Hombori (nord-est du Mali) avec trois hommes armés derrière eux, le visage recouvert d'un turban, et l'autre montre un Sud-Africain qui a également la nationalité britannique, un Suédois et un Néerlandais enlevés le lendemain à Tombouctou (nord du Mali), entourés de quatre hommes en armes, dont l'un a le visage découvert.
Selon l'organisation, l'enlèvement des cinq Européens était une "réponse aux agressions répétées de la France contre les musulmans des pays du Sahel" (...) et "le Mali a été choisi sciemment en raison de l'implication du régime d'Amadou (Toumani) Touré dans une guerre contre les Moujahidine (combattants)", cédant "ainsi aux pressions exercées sur lui par la France et les Etats-Unis".
Au total, douze Européens, dont six Français, sont retenus dans le Sahel par Aqmi et un groupe présenté comme dissident, le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest, jusqu'alors inconnu.
En avril 2010, Algérie, Mauritanie, Niger et Mali, ont créé un Comité d'état-major opérationnel conjoint (Cémoc) basé à Tamanrasset (sud de l'Algérie).
Doublé d'un centre de renseignement à Alger, son objectif est de mieux coordonner les actions des quatre armées dans la lutte anti-terroriste et d'arriver à mener des opérations conjointes dans chacun des pays affectés.
Parallèlement, les ministres de la Défense de dix pays d'Afrique du Nord et d'Europe du sud se réunissent régulièrement pour renforcer leurs actions contre l'insécurité dans cette région.
Il s'agit des ministres du groupe "5+5", cinq pays européens du sud - Espagne, France, Italie, Malte et Portugal - et cinq d'Afrique du Nord - Algérie, Libye, Tunisie, Maroc et Mauritanie.
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