La grève générale au Nigeria devrait reprendre lundi, mais sans manifestations de rue, après l'échec des négociations syndicats-gouvernement sur le doublement du prix des carburants, ont annoncé les syndicats dans la nuit de dimanche à lundi.
Abdulwahed Omar, le chef de la puissante centrale syndicale, le Nigeria Labour Congress (NLC), interrogé à la télévision sur la reprise de la grève, suspendue ce weekend pour les négociations, a répondu: "Oui, mais nous avons suspendu les manifestations de rue".
Selon lui, lors des négociations, le président nigérian, Goodluck Jonathan, a évoqué de "graves informations en matière de sécurité" en sa possession, indiquant que des éléments extérieurs au mouvement syndical pourraient tenter de dévoyer le mouvement de grève qui paralyse le pays.
Le président nigérian devait s'adresser à la nation lundi à 07H00 (06H00 GMT).Dimanche, il s'est entretenu avec les responsables de la sécurité du pays, mais aucune information n'a filtré sur ces entretiens.
Outre les dizaines de milliers de Nigérians qui ont cessé le travail et manifesté depuis lundi dernier et les heurts avec la police qui ont fait une quinzaine de morts, le Nigeria est aux prises avec un conflit interconfessionnel et des attentats revendiqués par la secte islamiste Boko Haram, qui ont fait près d'une centaine de morts depuis Noël.
"Nous sommes arrivés à la conclusion que nous devons rester à la maison, éviter de descendre dans les rues, pour être certains de ne pas mettre en danger des vies innocentes en raison de la situation sécuritaire dans le pays", a déclaré le dirigeant syndical à la télévision.
Selon lui, le président nigérian a toutefois annoncé aux syndicalistes qu'"il a décidé de suspendre la question de la dérégulation complète" du marché des carburant.
Les syndicats n'ont pas jugé suffisant cet engagement présidentiel pour annoncer la fin de la grève.Ils posent comme préalable à toute discussion un retour des prix des carburants à leur niveau d'avant le 1er janvier.
Le président Jonathan avait décrété un arrêt des subventions sur les carburants, provoquant une brutale hausse à cette date.
La principale centrale du secteur pétrolier, PENGASSAN, n'a pas mis à exécution sa menace de fermer les puits dès samedi minuit en cas d'échec des pourparlers, dans ce pays premier producteur d'Afrique de pétrole.
PENGASSAN a répété dimanche dans un communiqué qu'il n'envisageait pas dans l'immédiat la fermeture des plate-formes offshore, dont le brut représente 90% des exportations du Nigeria, afin de laisser un espace aux négociations.
Dans la crainte d'une reprise lundi de la grève générale, des conducteurs ont attendu au moins quatre heures dimanche pour faire le plein devant des stations-service dans plusieurs quartiers de Lagos, où d'importantes files d'attente s'étaient formées.
Le président Jonathan a décidé l'arrêt de subventions aux carburants pour financer la modernisation des infrastructures.Mais le doublement du prix de l'essence frappe durement une population dont la majorité vit avec moins de deux dollars par jour.
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