Kader Arif, chef du pôle "Politique de développement et coopération" dans l'équipe de campagne, était l'invité d'Eugénie Diecky vendredi 13 janvier dans La Grande Matinale. Eugénie Diecky : Si les socialistes, dont le candidat fait actuellement la course en tête, arrivaient au pouvoir, que changeraient-ils aux relations de la France avec l'Afrique, et notamment avec ses anciennes colonies ? Ma première question arrive : quand Nicolas Sarkozy est arrivé au pouvoir, il a dit vouloir en finir avec la Françafrique, est-ce qu'il y est arrivé, selon vous ? K. Arif : Absolument pas ! On se remémore ce discours malheureux, le discours de Dakar, où la conception était la continuité d'ailleurs de la pensée de la droite française à l'égard du continent africain, c'est-à-dire que les peuples africains dans leur intégralité ne méritaient pas, ne souhaitaient pas, ne voulaient pas, de la démocratie, de la transparence, une justice indépendante, l'envie d'un monde meilleur�?� Et ça, c'était la conception et ça reste la conception de la droite ! On le voit avec les récentes déclarations de Monsieur Bourgi sur les mallettes, qui étaient une vision post-colonialiste, afropessimiste, où ce continent serait un continent qui n'aurait qu'à supporter dictatures et corruption... Je crois qu'il faut sortir d'abord de ce regard, je crois qu'il faut sortir de l'idée même que l'on porte depuis trop longtemps sur cette relation-là du Nord-Sud, d'un nord dominant, un nord qui regarde le sud parfois avec condescendance, et je crois qu'il faut regarder ça en se disant que le sud peut amener des choses au nord et il en amène déjà ! Il faudrait que l'on puisse aider au Sud-sud. Une belle leçon nous a été donnée sur la rive sud de la Méditerranée, avec ce qu'on a appelé « le printemps arabe ». Les valeurs de la république, les valeurs de la démocratie, les valeurs de la philosophie des lumières, les valeurs qu'a porté la Révolution française, ce sont des valeurs qui sont souhaitées, entendues, voulues, par l'ensemble des peuples sur cette planète, et en particulier ce peuple africain�?� Ce peuple qui nous donne et qui nous a donné des leçons de courage, par sa volonté de liberté et cette jeunesse qui est là au rendez-vous, ici comme ailleurs. Donc non, je crois que Nicolas Sarkozy et son gouvernement se sont mépris dans cette vision postcoloniale, ce regard condescendant et l'idée que le continent africain ne mérite rien d'autre que de subir les dictatures�?�Eugénie : Est-ce que vous avez préparé votre contre-discours de Dakar ? Autrement dit, qu'est-ce que les socialistes veulent changer dans les politiques de coopération avec l'Afrique ? K. Arif : Il faut aussi regarder du côté des choses qui n'ont pas été faites, il faut accepter ce sens de la responsabilité. Il ne suffira pas de dire « Nous rompons avec l'idée de Françafrique », comme l'a fait Nicolas Sarkozy. Qu'est-ce qu'on met derrière ça ? Qu'est-ce qu'il y a à construire comme politique dans le réel ? On propose aussi d'avoir autre chose que cette Union pour la Méditerranée qui est aujourd'hui un échec, après cette image détestable du 13 juillet dernier...Eugénie : Mais est-ce que fondamentalement les choses vont changer dans les relations entre la France et ses anciennes colonies, si François Hollande arrive au pouvoir ? K. Arif : Oui, oui, les choses vont changer ! Le candidat aura l'occasion de l'exprimer. Nous y travaillons parce que je pense qu'on n'a pas à appliquer un programme tout fait. J'ai commencé à la demande de François Hollande à rencontrer un certain nombre d'acteurs de cette relation, au-delà du travail qui est fait tous les jours, par le monde associatif, par les O.N.G�?�Eugénie : Donc vous avez déjà une petite idée des futures relations entre la France et l'Afrique ?K. Arif : Une petite idée, oui, je vous ai expliqué un certain nombre de choses. Je pense que la notion du regard n'est pas seulement une union symbolique. Si la France de demain pouvait sortir de l'idée de son pré carré, si la France pouvait examiner la meilleure manière pour elle de faciliter les intégrations régionales... Ou encore, si la France pouvait considérer que le continent africain n'est pas seulement une réserve de matières premières�?�
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