Le nouveau président élu du Somaliland a annoncé vendredi qu'il allait redoubler d'efforts pour faire reconnaître l'indépendance de ce territoire somalien, après une nouvelle alternance pacifique qui en fait un quasi modèle démocratique dans la Corne de l'Afrique.
"Je me battrai vigoureusement pendant mon mandat pour la reconnaissance du Somaliland", a déclaré l'ancien opposant Ahmed Mohamud Silaanyo, dans une interview à l'AFP au lendemain de l'annonce de sa victoire.
M. Silaanyo l'a emporté face au président sortant Dahir Riyale Kahin, avec près de 50 pc des voix contre 33 pc, dans cette région bordant le Golfe d'Aden et peuplée par 3,5 millions d'habitants.
Si elle se déroule jusqu'au bout dans le calme, cette passation de pouvoir sera la deuxième à avoir lieu pacifiquement depuis que le Somaliland a proclamé en 1991 son indépendance du reste de la Somalie.
"Si je perds l'élection, je transmettrai mes responsabilités d'une manière très démocratique", avait promis par avance le président sortant.Le nouveau président M. Silaanyo s'est dit vendredi "reconnaissant" envers son prédécesseur "pour ses services à la nation, y compris la tenue d'élections démocratiques".
Cet échange d'amabilités est aux antipodes de la guerre civile qui ravage la Somalie depuis la chute en 1991 de la dictature de Mohamed Siad Barre, mais elle tranche également avec l'absence d'alternance pacifique chez les voisins d'Ethiopie, d'Erythrée ou de Djibouti.
Ancienne colonie britannique rattachée au reste de la Somalie italienne au moment de l'indépendance de cette dernière en 1960, le Somaliland est resté relativement stable et prospère, épargné par les guerres claniques en raison de l'hégémonie du clan des Issak.
"Le monde doit reconnaître notre démocratie", a déclaré à l'AFP M. Silaanyo, alors que la communauté internationale s'est précisement refusé à le faire à ce jour.
"La première partie de reconnaissance de notre indépendance est déjà là, dans la mesure où notre peuple se reconnaît comme un pays libre.Nous recherchons maintenant la reconnaissance par le monde extérieur", a poursuivi M. Silaanyo, 74 ans, ancien chef de guérilla contre le régime de Siad Barre à la tête d'un Mouvement national somalien.
"Nous voyons de façon positive les évolutions démocratiques au Somaliland", explique un diplomate occidental en poste dans la région."Mais l'indépendance de ce territoire pose un problème juridique ainsi qu'un problème politique, à savoir le risque d'ajouter de l'instabilité à l'instabilité".La Grande-Bretagne, ancienne puissance coloniale, et les Etats-Unis sont réputés être aujourd'hui les plus enclins à une éventuelle reconnaissance à terme du Somaliland.
Si la démocratie au Somaliland est loin d'être parfaite -- la présidentielle du 26 juin a dû être repoussée trois fois depuis 2008 --, la principale menace sur le territoire est extérieure: pour les insurgés islamistes shebab, qui contrôlent la plus grande partie de la Somalie, le Somaliland n'a pas lieu d'être.
"Cette élection est une honte.Nous voulons l'union de tous les musulmans et les soi-disant Somaliland et Puntland (territoire autonome somalien) sont des créations de l'Ethiopie en vue de diviser le seul fief islamique de la région", a commenté un responsable shebab à Mogadiscio sous couvert de l'anonymat.
Les shebab ont revendiqué une série d'attentats suicide en octobre 2008 qui avait tué 19 civils à Hargeisa, la capitale du territoire.
"Si les shebab prennent Mogadiscio, je pense qu'il ne faudra que quelques semaines pour que le Somaliland s'effondre", estimait récemment un autre diplomate dans la région.
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