Des explosions en série dont un attentat suicide ont secoué vendredi Kano, principale ville du Nord du Nigeria, et des tirs opposaient des policiers aux assaillants qui ont visé des bureaux de la police et tué au moins deux policiers, selon plusieurs sources sur place.
Ces violences n'ont pas été revendiquées mais elles surviennent dans le contexte d'une vague d'attentats et attaques fin décembre attribués au groupe islamiste Boko Haram.
Une source policière a indiqué que deux policiers avaient été tués et un témoin a fait état d'au moins un blessé.
Les explosions, une vingtaine au total selon un correspondant de l'AFP sur place, ont apparemment visé deux commissariats, un QG régional de la police ainsi que le bureau d'un responsable régional de la police.
L'une des explosions a été provoquée par un kamikaze, a déclaré à l'AFP une source policière de haut rang ayant requis l'anonymat.
"Il y a eu un attentat suicide contre le QG de la police de la zone 1", a dit cette source."Deux policiers ont pour l'instant été tués, ainsi que le kamikaze", a-t-elle ajouté.
Une vingtaine de déflagrations ont été entendues vers 17h15 (16h15 GMT) en l'espace de quelques minutes dans deux quartiers de Kano, selon le correspondant de l'AFP qui pouvait voir de la fumée s'élever.
Des tirs ont aussi retenti et des habitants fuyaient en voiture et à moto.
L'agence nationale de gestion des urgences (NEMA) a confirmé des explosions en plusieurs endroits sans pouvoir accéder aux zones touchées.La police était injoignable.
"Il y a tellement d'explosions violentes dans la ville", a dit Abubakar Jibril, un responsable de la NEMA.Les rues sont bloquées", a-t-il ajouté.
"La situation est terrifiante là où nous sommes.Des bombes explosent dans le quartier général de la police, et il y a des tirs entre la police et des assaillants armés", a dit un habitant.
Un commissariat de police du quartier favorisé de Marhaba semble aussi avoir été visé, ainsi qu'un commissariat du quartier Unguwa Uku, à environ cinq kilomètres de Marhaba, ont indiqué d'autres habitants.
"Actuellement, il y a des échanges de tirs nourris entre les personnels de l'immigration et de la police, et les assaillants, et des bombes explosent dans l'intervalle", a déclaré à l'AFP un témoin dans le quartier Marhaba, joint au téléphone.
"Mes vêtements sont maintenant couverts de sang car j'ai dû aider à évacuer une personne blessée durant la fusillade", a-t-il ajouté.
A Unguwa Uku, un autre habitant a déclaré avoir entendu "plusieurs explosions au commissariat de police Yar Akwa.Les gens courent pour sauver leur vie.C'est chaotique".
De nombreuses attaques meurtrières, attribuées à la secte islamiste Boko Haram et souvent revendiquées par elle, ont secoué le nord-est du pays ces derniers mois.Kano avait jusqu'a présent été épargnée.
Le président Goodluck Jonathan a décrété l'état d'urgence dans des parties de quatre Etats du Nigeria le 31 décembre, après une vague d'attentats attribués à Boko Haram qui ont fait plusieurs dizaines de morts.
La secte a revendiqué des attentats visant en particulier des églises le jour de Noël.Le plus meurtrier a fait 44 morts dans une église catholique près d'Abuja, la capitale.Elle avait aussi revendiqué l'attentat suicide d'août 2011 contre le siège des Nations unies à Abuja (25 morts).
La ville de Kano, capitale de l'Etat du même nom, n'est pas concernée par l'état d'urgence.La plupart des attaques attribuées à Boko Haram ont secoué des régions plus à l'est.
Les récentes violences ont fait craindre des représailles de chrétiens et une escalade des violences interconfessionnelles.
L'état d'urgence n'a pas réussi à mettre fin aux violences et la police a été humiliée par l'évasion cette semaine d'un suspect dans l'attentat visant l'église Ste Thérèse de Madalla, près d'Abuja.
Le Nigeria, pays le plus peuplé d'Afrique et premier producteur de pétrole du continent, compte 160 millions d'habitants, dont environ autant de musulmans, majoritaires dans le nord, que de chrétiens, plus nombreux dans le sud.
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