L'ex-président malgache Marc Ravalomanana a quitté Johannesburg samedi, pour rentrer au pays après près de trois ans d'exil en Afrique du Sud, mais il risque l'arrestation à son arrivée à Antananarivo.
Son avion a quitté l'aéroport de Johannesburg à 10H12 (08H12 GMT).Il devait arriver à Madagascar trois heures plus tard.
M. Ravalomanana s'était montré confiant, avant d'embarquer, qu'il ne serait pas arrêté à son retour au pays.
"Je viens de discuter avec le Premier ministre (de transition Omer Beriziky).il a dit que tout est OK", a-t-il dit à des journalistes rassemblés dans l'aérogare.
Assis au premier rang du petit avion de SA Airlink --une filiale de la compagnie nationale sud-africaine SAA--, M. Ravalomanana, 62 ans, a embrassé sa femme alors que l'appareil commençait à rouler, avant de s'envoler vers la Grande Ile.
La situation était calme samedi matin dans la capitale malgache, selon un correspondant de l'AFP.
Le retour de l'ancien président est explicitement prévu par la "feuille de route" signée en septembre par les partis politiques malgaches afin de rétablir l'ordre constitutionnel et sortir d'une crise qui a isolé et affaibli Madagascar, suite à son renversement par le maire de la capitale Andry Rajoelina, en mars 2009.
Mais une "note explicative" précise que le retour "sans condition" des exilés auquel appelle le texte ne suggère ni n'implique "une exonération de poursuites judiciaires".
Or, Marc Ravalomanana a été condamné par contumace aux travaux forcés à perpétuité pour la mort d'une trentaine de manifestants, abattus par sa garde devant le palais présidentiel en février 2009.
Le général Richard Ravalomanana (un homonyme), responsable de la sécurité pour la province d'Antananarivo, a en conséquence prévenu dès l'annonce de son retour, vendredi, qu'il serait arrêté dès son arrivée à l'aéroport d'Antanarivo.
"Il va y avoir une exécution du mandat d'arrêt.C'est une décision de justice, on ne peut pas se permettre de ne pas l'exécuter", a-t-il déclaré.
Une arrestation de l'ancien président "replongerait profondément Madagascar dans la crise dont elle émerge tout juste", a mis en garde Peter Mann, l'un de ses porte-parole.
"Ce serait une erreur grave si j'étais arrêté à Madagascar", a de son coté déclaré l'intéressé.
"Je n'ai rien à craindre, je n'ai rien fait de mal", a-t-il répété à plusieurs reprises vendredi lors de la conférence de presse au cours de laquelle il a annoncé son retour, notant qu'il était en province lors des faits, en février 2009.
"Il y a eu un procès par contumace conduit par un tribunal fantoche, je n'étais pas là, et j'ai demandé à plusieurs reprises une enquête indépendante", a-t-il expliqué.
"Je rentre à la maison pour faire la paix, pas la guerre", a souligné Marc Ravalomanana.
Les autorités d'Antananarivo ont été appelées à faire preuve de modération par plusieurs chancelleries.
"Nous implorons les autorités de mettre les intérêts de la nation malgache avant les intérêts partisans et de ne pas épargner leurs efforts pour pleinement appliquer la feuille de route, tant dans son esprit que dans sa lettre", a ainsi déclaré le vice-ministre des Affaires étrangères sud-africain, Marius Fransman, qui a conduit les efforts de médiation de la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC) pour résoudre la crise.
L'ambassade américaine à Antananarivo a jugé qu'"un mauvais usage des services de sécurité à des fins politiques (serait) inacceptable", tandis que le gouvernement français a demandé aux "acteurs malgaches" de "se mobiliser" pour les prochaines élections.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.