La procédure en appel de Julius Malema, le président de la Ligue de jeunesse du Congrès national africain (ANC) suspendu du parti pour cinq ans, débute lundi et le leader des jeunes mettra tout en oeuvre pour faire annuler ou au moins réduire sa peine et sauver sa carrière politique.
Reconnus coupables d'indiscipline en novembre, "Juju" et cinq de ses lieutenants ont été suspendus du parti au pouvoir en Afrique du Sud.
Tous ont fait appel devant une instance spéciale de l'ANC.
"Leur défense est susceptible d'exploiter une faille dans le processus disciplinaire, car ils n'ont pas été autorisés à témoigner pour atténuer leur peine", estime l'analyste Prince Mashele, du Centre de recherche politique de Pretoria.
"La nature de leurs arguments va être le facteur décisif, et la sentence sera soit maintenue soit assouplie", ajoute-t-il.
Le "procès" des dirigeants de Ligue de jeunesse de l'ANC s'inscrit selon la plupart des observateurs dans les luttes de pouvoir qui agitent le parti dominant.
Julius Malema, 30 ans, est l'un des plus farouches opposants du président Jacob Zuma.Or, celui-ci désirerait asseoir son contrôle sur le parti dans la perspective de sa réélection lors du congrès de décembre.Si Zuma est maintenu à la tête de l'ANC il pourrait se représenter à la présidence en 2014.
Le leader des jeunes du parti restera à son poste jusqu'à ce que toute la procédure d'appel soit épuisée, un processus qui pourrait traîner jusqu'au congrès de décembre s'il demande au Comité exécutif national, instance suprême de l'ANC, de l'entendre en dernier recours.
Le jeune tibun défie l'ANC et le président Zuma
M. Malema a été reconnu coupable d'insoumission par une commission de discipline en novembre, mais aussi d'avoir semé la division au sein de l'ANC et d'avoir discrédité le parti, après des semaines d'audiences marquées par de violentes manifestations.
Il a été accusé de discrédit après avoir appelé à renverser le gouvernement démocratiquement élu du Botswana voisin, mais, s'étant excusé, il pourrait plaider pour une atténuation de la sentence.
"Il semble que Malema et compagnie ne contesteront pas forcément les conclusions de la commission de discipline.Mais ils sont mécontents de la dureté de la peine", estime Prince Mashele.
Si la suspension de cinq ans à laquelle il a été condamné est confirmée, Malema sera trop vieux pour retrouver ensuite ses troupes, le mouvement de jeunesse du parti acceptant des membres jusqu'à 35 ans.
"Revenir après cinq ans de traversée du désert ne serait pas bon pour sa carrière.(...) Ce serait un peu mieux pour lui s'il obtenait une réduction (de la suspension) à deux ou trois ans.Cela pourrait lui donner un peu de temps pour préparer son retour", note le politologue Zamikhaya Maseti.
Aux yeux de Jacob Zuma dont il fut un fervent partisan, Julius Malema a encore aggravé son cas.Depuis sa suspension, il a ridiculisé le président dans des meetings et a ouvertement appelé à sa destitution au congrès de décembre.
Or, "Juju" avait déjà été jugé coupable d'indiscipline en 2009 pour avoir critiqué Zuma, et condamné à une suspension - avec sursis, à l'époque.
La Ligue de jeunesse ne cesse d'attaquer le gouvernement pourtant constitué de membres du parti auquel elle est rattachée, et elle a même fait marcher des milliers de partisans contre lui en octobre.
Ses dirigeants reprochent à Jacob Zuma l'insuffisance des transformations socio-économiques du pays, après dix-sept ans de pouvoir de l'ANC.Ils appellent sans relâche à la nationalisation des mines et des banques, et à la saisie des terres exploitées par des fermiers blancs.
Certains éléphants de l'ANC, comme le trésorier du parti Mathews Phosa, ont apporté leur soutien à Malema.Ce soutien remarqué a immanquablement relancé les remous au sein du parti au pouvoir, qui vient de fêter ses cent ans.
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