La police a découvert lundi huit voitures chargées d'explosifs à Kano alors que 200 responsables politiques et dignitaires religieux musulmans étaient réunis dans cette ville du Nord pour prier pour la paix, trois jours après des attaques qui ont fait plus de 160 morts.
"Nous avons découvert huit voitures remplies d'explosifs dans différents secteurs de Kano", a déclaré un haut responsable de la police, ajoutant que ses services faisaient "toujours face à de sérieuses menaces sécuritaires".
Toutes les bombes de fabrication artisanale ont été découvertes dans des véhicules abandonnés dans des contre-allées dans la ville, a-t-il précisé.
Les attaques de vendredi avaient été revendiquées par le groupe islamiste Boko Haram.
Le président nigérian Goodluck Jonathan, qui s'est rendu dimanche à Kano, la deuxième ville du pays avec 4,5 millions d'habitants, est confronté à la pire crise qu'il ait connue depuis son accession au pouvoir en avril.Les violences font en effet craindre jusqu'à une guerre civile dans le pays le plus peuplé et premier producteur de pétrole d'Afrique, également touché par un fort mécontentement social.
"Nous allons renforcer la sécurité à Kano et dans d'autres parties du pays", a promis M. Jonathan, précisant que plusieurs suspects ont été arrêtés.
"Je vais prier Dieu pour que nous ne revivions jamais la catastrophe qui a abouti aux morts et aux blessés dans notre ville", a déclaré le gouverneur de l'Etat de Kano, Rabiu Musa Kwankwaso, lors des prières lundi dans une mosquée du palace de l'émir de la ville.
Le principal chef traditionnel musulman de Kano, l'émir Ado Bayero, a lancé aux religieux: "Je vous enjoins de continuer à prier pour la paix et la stabilité dans notre ville.Je vous appelle à utiliser toutes les enceintes religieuses pour prier en faveur de la paix dans notre pays".
Le Nigeria est divisé entre un Nord essentiellement musulman et un Sud à majorité chrétienne.
Pour le dignitaire suprême des musulmans, le Sultan de Sokoto Sa'ad Abubakar, les violences à Kano "sont peut-être les pires en termes de pertes de vie et de biens"."Il est évident que le Nigeria traverse une période d'insécurité générale d'une importance énorme", a-t-il estimé dans un communiqué.
L'ancien président du Nigeria Olusegun Obasanjo s'est en revanche efforcé de minimiser l'ampleur de la crise."Même si c'est un grand défi pour le peuple nigérian et son gouvernement, il n'ébranlera pas le Nigeria jusqu'à ses fondements.Nous avons connu de plus grands défis dans le passé", a-t-il déclaré dimanche soir à Banjul, à l'issue d'une rencontre avec le président gambien Yahia Jammeh.
Un porte-parole de Boko Haram a revendiqué les attaques de Kano, expliquant que le groupe avait agi en représailles après le refus du gouvernement de libérer plusieurs de ses membres emprisonnés.
Le président Jonathan a promis que les personnes soutenant Boko Haram seraient démasquées et traduites en justice.
Il a déclaré que des membres de Boko Haram avaient infiltré les instances de gouvernement du Nigeria, des agences de sécurité (police et armée) jusqu'au parlement et à l'exécutif.
Le président nigérian avait décrété le 31 décembre l'état d'urgence dans la plus grande partie du Nord du pays mais la ville de Kano n'avait pas été incluse dans cette mesure.
Selon une organisation de secours, le bilan global des attaques de vendredi est d'au moins 166 morts.Les autorités se contentent de dire que le nombre de morts dépasse la centaine.Selon un médecin de l'un des principaux hôpitaux de Kano, le bilan pourrait atteindre 250 morts.
Boko Haram avait revendiqué l'attaque contre une église catholique proche de la capitale fédérale Abuja à Noël, qui avait tué 44 fidèles.
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