De violents affrontements ont eu lieu lundi à Bani Walid, faisant cinq morts, les plus graves violences dans la ville depuis des mois, attribuées par des responsables locaux à des partisans de feu Mouammar Kadhafi, et par le ministère de l'Intérieur à des querelles internes.
Un correspondant de l'AFP qui a pu brièvement entrer dans la ville a constaté qu'il y régnait la plus grande confusion et qu'il n'était pas possible de savoir qui était du côté des rebelles ou de l'ancien régime.
Un responsable local, M'Barek al-Fotmani, a indiqué à l'AFP que des fidèles du dirigeant libyen défunt Mouammar Kadhafi, armés de mitraillettes et de RPG, avaient "pris le contrôle de toute la ville," située à 170 km au sud-ouest de Tripoli.
Ils ont attaqué en plein jour la base de "la brigade du 28-Mai, la plus importante à Bani Walid", l'encerclant en brandissant des drapeaux verts, a-t-il ajouté, en faisant état de cinq morts, dont le commandant de la brigade, et d'une trentaine de blessés.
Mais tout en confirmant le bilan, le ministre de l'Intérieur Faouzi Abdelali a démenti que les violences aient été le fait de partisans de l'ancien régime.
"Les informations dont nous disposons disent qu'il y a des problèmes internes entre les habitants de cette ville, et c'est la raison de ce qui s'est passé", a-t-il affirmé à la chaîne de télévision Libya.
"Les informations que nous avons en provenance de l'intérieur de la ville ne disent pas qu'il y a des drapeaux verts et il n'y a rien qui soit lié à l'ancien régime", a-t-il ajouté, évoquant un différend entre habitants au sujet des compensations destinées aux personnes affectées par la guerre.
Une colonne de fumée s'élevait au-dessus de Bani Walid sans qu'il soit possible de déterminer son origine.
Interrogé sur la situation, un commerçant a affirmé: "Ca y est, nous avons mis les rats dehors", reprenant la terminologie utilisée par Mouammar Kadhafi pour décrire les rebelles.
Un checkpoint tenu à l'entrée de la ville par une dizaine d'hommes armés, équipés d'un canon anti aérien, arborait le drapeau noir, rouge et vert de la révolution mais il n'était malgré tout pas clair s'il s'agissait de partisans des nouvelles autorités ou des anciennes.
Ce n'est qu'à 70 km de la ville qu'un barrage des "thowars" (révolutionnaires) a été installé.Aucune autre présence des nouvelles autorités n'était visible.
Il s'agit des violences les plus graves à Bani Walid depuis la "libération" en octobre 2011 de la Libye après huit mois d'un conflit meurtrier.La ville n'était tombée que quelques jours avant la mort de l'ancien dirigeant, capturé par les thowars.
"Les assaillants crient 'Allah, Mouammar, la Libye et c'est tout'!La veille, ils avaient distribué des tracts disant: 'Nous reviendrons bientôt, nous allons mettre les rats dehors'", a affirmé M. al-Fotmani.
"J'appelle les thowars de Libye à sauver d'urgence les thowars de Bani Walid.Leurs munitions sont bientôt terminées", a-t-il dit.
D'après lui, les blessés n'ont pas pu être évacués car les ambulances n'ont pas été en mesure de les approcher, "des snipers étant positionnés sur l'école et la mosquée" situées à proximité.
Selon un membre du Conseil national de transition (CNT), des forces de l'armée ont reçu l'ordre de se rendre sur place.
Le porte-parole du conseil local de Bani Walid, Mahmoud el-Werfelli, a dit à l'AFP craindre "un massacre"."Nous avons demandé l'intervention de l'armée mais le ministère de la Défense et le Conseil national de transition nous ont trahis, ils nous ont laissés entre le marteau et l'enclume.Cela fait deux mois que nous leur demandons de trouver une solution".
Ces violences interviennent au moment où le CNT fait face à la crise politique la plus grave depuis son arrivée au pouvoir.Dimanche, son vice-président, Abdelhafidh Ghoga, a dû démissionner sous la pression de la rue.
Le chef du CNT, Moustapha Abdeljalil, a exclu une démission du Conseil en mettant en garde contre "une guerre civile".
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