Le chef du gouvernement tunisien Hamadi Jebali a dénoncé lundi de "graves dérapages sécuritaires" qui sapent l'économie du pays, et s'est dit déterminé à "faire appliquer la loi, que ce soit dans les universités, les entreprises, les lieux publics ou sur les routes".
Dans un discours prononcé devant l'Assemblée nationale constituante, le premier depuis la constitution de son gouvernement le 22 décembre, M. Jebali a décrit "la situation très difficile" de la Tunisie.
"Il y a des dérapages très graves", a-t-il dit en citant notamment les "coupures de routes et les fermetures d'entreprises qui nous ont coûté 2,5 milliards de dinars (environ 1,7 milliard d'euros) en 2011".
Il a dénoncé "le bouclage de villes entières, des attaques d'hôpitaux, la destruction d'équipements et la mise à sac d'entreprises".
"Je ne mets pas en cause les grèves et les protestations légales, qui sont un droit, mais je parle de pratiques graves et dangereuses qui portent atteinte au droit de notre peuple, et pas seulement au gouvernement qui, je le rappelle, est provisoire", a-t-il dit.
"Je ne veux accuser personne mais la franchise m'oblige à dire que la crise est exploitée à des fins politiques", a-t-il ajouté sans précision.
"Le souci du gouvernement est de trouver de l'emploi et soulager les zones déshéritées.Ceci nécessite des investissements mais ces derniers sont arrêtés en raison de la situation sécuritaire", a-t-il déploré, citant quelque "260 projets urgents" dans les domaines de l'infrastructure, de la santé, de l'agriculture, "qui n'ont pu être mis en route à cause de l'insécurité ambiante".
"Dans le seul secteur des phosphates, nous en sommes à 1,2 milliard de dinars de perte en 2011.Nous sommes à court d'engrais chimique pour 900.000 ha de cultures.Certaines entreprises étrangères mettent la clé sous la porte, et la prochaine saison touristique est menacée", a-t-il énuméré.
Autre indice de gravité, le taux de croissance négatif atteint 1,8% du PIB, a averti M. Jebali évoquant "le défi de surmonter un héritage de plusieurs décennies d'injustices sociales sous la dictature".
Le chef du gouvernement a prôné un "large dialogue" politique "pour mener le pays dans de meilleures conditions aux prochaines élections qu'il s'est engagé à tenir "dans un an ou un peu plus dès que l'assemblée aura fini de rédiger une nouvelle constitution pour le pays", a-t-il assuré.
"Partout où il y a des dérapages, que ce soit à l'université, dans les entreprises, sur les routes ou les endroits publics, le gouvernement est déterminé à appliquer la loi", a-t-il martelé.
"Nous comprenons l'impatience des catégories déshéritées", a insisté M. Jebali, annonçant la tenue d'une conférence nationale pour "mettre en route le programme économique" de son gouvernement.Les priorités sont "des mesures urgentes en faveur des plus pauvres et des familles des martyrs de la révolution", a-t-il déclaré.
Des chefs de l'opposition de gauche ont salué un "discours réaliste" et "ferme".M. Nejib Chebbi du Parti démocrate progressiste a affirmé que "le gouvernement formé il y a un mois ne peut être blâmé pour une situation catastrophique", mais "reste responsable" du temps perdu dans sa mise en place suite aux élections du 23 octobre.
Samir Ben Amor, conseiller du président Moncef Marzouki et chef de la coalition du Congrès pour la république, a estimé que le chef du gouvernement "aurait dû mettre les points sur les i et éclairer l'opinion publique sur les parties qui minent la stabilité", en l'occurrence, selon lui, les partisans de l'ancien régime et des formations d'extrême gauche.
La situation sociale s'est détériorée au cours des derniers mois, sit in et grèves se sont multipliés.Par ailleurs, les pressions des radicaux salafistes se sont accrues dans ce contexte de crise, notamment dans les universités.
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