Un an après la révolte anti-Moubarak, le même slogan place Tahrir au Caire: "Dégage!"

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LE CAIRE (AFP) - (AFP)

Un an après le début de la révolte qui balaya Hosni Moubarak, la place Tahrir au Caire a résonné mercredi du même slogan -"Dégage!"-, cette fois destiné au conseil militaire qui dirige le pays.

Des dizaines de milliers d'Egyptiens sont revenus mercredi place Tahrir pour le premier anniversaire du début de la révolte historique, entre ambiance de fête et appels au départ des généraux au pouvoir.

Dans une ambiance tenant de la kermesse bon enfant et du rassemblement politique, les militants de la révolte de l'année dernière ont ressorti mots d'ordre et banderoles.

De longs cortèges ont convergé vers la célèbre place du centre-ville, où le 25 janvier 2011 une manifestation d'une ampleur inédite contre le régime avait commencé à faire basculer le destin du pays.

"On croit que la révolution est finie parce que Moubarak est au tribunal, et bien non!", s'exclame Tayseer Fahmy, une actrice membre du Parti pour l'égalité et le développement, une petite formation de gauche née après la révolution.

Des jeunes tenant un drapeau égyptien long d'une centaine de mètres ont fait leur entrée en scandant "à bas le pouvoir des militaires", en chantant l'hymne national et en demandant aux riverains massés aux fenêtres de les rejoindre.

Peu leur importe que certains soient venus en badauds profiter d'une journée ensoleillée et fériée, pour écouter une fanfare militaire qui joue aux abords de la place ou pour acheter des pistaches et des fanions aux dizaines de vendeurs ambulants venus profiter de l'aubaine.

"Nous ne sommes pas là pour fêter la révolution, mais pour réaliser nos objectifs qui restent ceux du premier jour: le pain, la liberté, la justice sociale", affirme Gigi Ibrahim, qui a participé à une marche partie du faubourg de Guizeh pour rejoindre Tahrir.

Les récentes élections législatives ont fait un triomphe aux islamistes, qui détiennent les trois quarts des sièges de députés, balayant les partis et mouvements laïcs qui comptaient sur l'élan du soulèvement de l'an dernier.

Mais pour les militants, la cible de prédilection reste le Conseil suprême des forces armées (CSFA) du maréchal Hussein Tantaoui, qui tient le pouvoir exécutif et symbolise le maintien de l'ancien régime honni.

"Le pays est aujourd'hui contrôlé par les généraux de Moubarak, ils tuent les révolutionnaires, détruisent la révolution", s'indigne Gigi Ibrahim.

Les abords de la place portent encore les stigmates des affrontements parfois violents entre manifestants anti-armée et forces de l'ordre de la fin de l'année dernière, qui ont fait des dizaines de morts.

Le bâtiment du prestigieux Institut d'Egypte a été incendié en décembre avec ses précieuses archives historiques.Plusieurs rues adjacentes sont encore bloquées par des murs érigés pour protéger des bâtiments gouvernementaux.

Quelques tentes sont toujours plantées au milieu de la place, moins nombreuses toutefois que le véritable village de toile qui avait été érigé durant la révolte.

Egypte a connu ces derniers mois des élections législatives saluées comme les plus démocratiques depuis la chute de la monarchie en 1952, mais aussi des flambées de violence et une grave crise économique.

Mardi, le Conseil suprême des forces armées (CSFA), qui dirige l'Egypte le départ de M. Moubarak, a annoncé la fin partielle de la loi très décriée sur l'état d'urgence, en vigueur depuis 30 ans.

Mais cette législation restrictive pour les libertés publiques et les droits des détenus, est maintenue pour lutter contre la "violence" commise par des "voyous", une définition vague qui fait redouter qu'elle ne continue d'être appliquée pour toutes sortes de motifs.

L'organisation Human Rights Watch a estimé que cette levée partielle, entrée en vigueur mercredi, était une "invitation à la poursuite des mauvais traitements".

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