L'opposition sénégalaise a rejeté mercredi l'interdiction des manifestations décrétée de jeudi à lundi par le gouvernement, période pendant laquelle le Conseil constitutionnel doit recevoir et décider de la validité des candidatures à l'élection présidentielle du 26 février.
Les principaux leaders de l'opposition ont dénoncé dans une déclaration "l'illégalité" de l'arrêté du ministre de l'Intérieur Ousmane Ngom décrétant cette interdiction "qui viole les libertés des citoyens" et ils ont appelé "le peuple sénégalais à une résistance active".
"L'arrêté du ministre interdisant les manifestations est nul et non avenu et de nul effet", selon ces dirigeants rassemblés au sein du Mouvement du 23 juin (M23) qui regroupe partis politiques et organisations de la société civile.
Ils "réaffirment le rejet de la candidature" du président Abdoulaye Wade, et "leur détermination à s'opposer à toute forfaiture et à tout coup d'Etat constitutionnel", se disant "prêts à poursuivre le combat jusqu'à son terme".
Les candidats à la présidentielle ont jusqu'à jeudi soir pour déposer leur candidature au Conseil constitutionnel, qui doit publier vendredi la liste de celles qui ont été retenues.
La décision du Conseil concernant la candidature du président Wade, contestée par l'opposition, fait craindre des violences politiques, raison invoquée par le ministre de l'Intérieur pour interdire les manifestations.
"Nous ne souhaitons pas de pression à l'endroit des membres du Conseil constitutionnel et de tous ceux qui doivent participer à la prise de décision", avait déclaré mardi M. Ngom, également un des responsables du Parti démocratique sénégalais (PDS, au pouvoir).
Elu en 2000, réélu en 2007 pour cinq ans après une réforme constitutionnelle en 2001 qui a institué un quinquennat renouvelable une fois, M. Wade se représente cette fois pour sept ans après le rétablissement du septennat en 2008, à la suite d'une nouvelle réforme constitutionnelle.
Pour ses opposants, il est évident que M. Wade se présente à un troisième mandat non conforme, mais ses partisans affirment que le décompte doit se faire à partir de la première réforme constitutionnelle de 2001 instituant le quinquennat et qu'il s'agit donc d'un second mandat conforme à la Constitution.
Le scrutin sera observé par une délégation de 90 observateurs de l'Union européenne (UE) déjà arrivés au Sénégal, la première de cette importance dans ce pays jusqu'alors considéré comme un modèle de démocratie en Afrique, signe de l'inquiétude quant à des dérapages violents avant, pendant et après l'élection.
Parmi les principaux candidats, figurent trois anciens Premiers ministres de M. Wade devenus opposants, Moustapha Niasse, Idrissa Seck et Macky Sall, ainsi qu'Ousmane Tanor Dieng, responsable du Parti socialiste (PS, opposition) qui a dirigé le Sénégal pendant quarante ans, de 1960 à 2000.Tous sont membres du M23.
Egalement en lice, la star de la chanson Youssou Ndour, qui a également estimé que la nouvelle candidature d'Abdoulaye Wade était contraire à la Constitution.
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