Les pirates somaliens ont réussi l'assaut, ils sont à bord.Mais le navire est vide, désert: l'équipage s'est réfugié dans une "citadelle", chambre forte qui va leur permettre d'attendre l'arrivée des secours.
Face aux attaques, de plus en plus nombreuses et violentes, de pirates somaliens dans l'océan Indien, des armateurs installent dans les entrailles des navires de commerce des pièces blindées dans lesquelles les équipages, après avoir donné l'alerte et en espérant une riposte rapide des marines internationales qui croisent dans ces eaux, se barricadent.
Selon les statistiques du Bureau maritime international en 2011, 39 navires ont été abordés au large de la Somalie (il y a eu plus de 160 tentatives infructueuses).A treize reprises les marins ont déjoué l'assaut en se réfugiant dans la "citadelle" avant d'être secourus par des militaires.Par trois fois la chambre forte n'a pas résisté et l'équipage a été enlevé.
Au total, environ 500 marins ont été pris en otages au large de la Somalie en 2011 et huit tués.Au 31 décembre 2011 les gangs de pirates, désormais bien organisés et financés, détenaient encore onze vaisseaux et environ 200 membres d'équipage.
Jeudi les quelques 400 participants au forum Maritime Risk (MARISK) de Nantes ont écouté des industriels, spécialistes du blindage et des systèmes de protection, leur vanter les mérites de la "citadelle sur navire de commerce".
"Dans la piraterie moderne la monnaie d'échange n'est plus la marchandise mais l'otage, celui pour lequel on va payer une rançon", explique Eric Prang, de la société Sagem."La citadelle permet à l'équipage de se réfugier dans un endroit sûr et de gagner du temps en attendant des secours.Il est même possible d'y transférer des instruments de navigation qui lui permettront de garder le contrôle du bateau".
"bonnes pratiques"
Où installer la chambre forte ? Blinder la passerelle ? Trop vulnérable, trop grand, donc trop cher.La salle des machines ? Trop évident.Le mieux, explique Gérald Lefebvre, de la société Amefo, spécialiste des blindages militaires, est de la cacher quelque part dans les entrailles du navire, immense dédale pour l'intrus.Plus de temps les pirates perdront à la trouver, mieux ce sera.
"On peut même imaginer une fausse citadelle, une simple porte blindée bien en évidence sur laquelle ils vont se focaliser pendant que l'équipage est caché ailleurs et que les marines de l'opération Atalante (surveillance internationale anti-piraterie dans l'océan indien, ndlr) cinglent vers le lieu de l'attaque", dit-il à l'AFP.
La citadelle doit être équipée d'une porte résistant aux effractions et aux balles, d'une issue de secours, d'un système de filtration de l'air pour éviter que l'équipage ne se fasse enfumer et de systèmes de communication pour rester en contact avec l'extérieur.Si l'attente se prolonge, des toilettes, de l'eau et de la nourriture peuvent y être installées.
L'utilisation d'une citadelle est recommandée et citée parmi les "bonnes pratiques" par l'Organisation maritime internationale mais n'est en aucun cas obligatoire.Des citadelles sont souvent incluses dans les plans de navires en construction.
Mais elles ne font pas l'unanimité."Il ne faut pas oublier que les pirates savent s'adapter", assure à l'AFP Raphaël Baumler, ancien officier de marine, enseignant à la World Maritime University de Malmö (Suède)."Devant des portes blindées, s'il faut monter à bord avec de l'explosif pour les faire sauter, ils le feront".
"La technologie ne peut pas tout régler", dit-il."Le but des armateurs est de dépenser le moins possible en moyens humains, et c'est tout le problème".
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